"Pénaliser les parents, ça n’a aucun sens" : Bruno Humbeeck réagit aux annonces de Gabriel Attal

Publié le par Gaëlanne Biarez

En collaboration avec Bruno Humbeeck (Psychopédagogue)

Depuis la prise de parole jeudi du Premier ministre Gabriel Attal, une vague de critiques s’abat sur ce nouveau plan de lutte, jugé inadapté, face à la violence des mineurs. Bruno Humbeeck, psychopédagogue nous fait part de son ressenti.

En déplacement le 18 avril dans la ville de Viry-Châtillon, marquée par la mort du jeune Shemseddine, tabassé devant son collège début avril, le Premier ministre Gabriel Attal, a dévoilé une série d’annonces. L’objectif : mettre un terme à la violence et la délinquance chez les mineurs.

Seulement, entre placements en internats, travaux d’intérêt général pour les parents « défaillants », ou encore des comparutions immédiates pour les jeunes de moins de 16 ans… Le plan de l’ancien ministre de l’Éducation nationale est loin de faire l’unanimité. Pour Bruno Humbeeck, psychopédagogue belge spécialisé dans la prévention des violences scolaires et familiales, le constat est clair : « Il n’y a aucune dimension pédagogique à ce qu’il propose ».

En effet, d’après lui, « le gros problème c’est que la sanction, prend ici une dimension uniquement juridique ou judiciaire, et qui n’est pas question de donner aux écoles, les moyens d’émettre des sanctions qui ont alors un sens pédagogique ».

Les comparutions immédiates, une forme de justice expéditive

Dans ses annonces, Gabriel Attal s’est notamment dit prêt à mettre en place une comparution immédiate devant le tribunal pour les jeunes à partir de 16 ans, au lieu de 18 ans actuellement. Une réaction jugée inadaptée par le psychopédagogue : « Il faut une réponse rapide c’est vrai, mais il faut aussi que cette réponse soit d’abord pédagogique et qu’elle est ne soit pas automatiquement juridique et judiciaire, et qu’elle soit contrainte de se réaliser dans l’urgence ».

Effectivement, il ajoute que « quand on fait une justice expéditive, on prend évidemment beaucoup plus le risque de créer du ressentiment parce que cette justice aura été vécue comme injustice. La réponse immédiate doit donc venir du secteur pédagogique ».

« On crée simplement des bombes à retardement »

Un ressentiment qui peut également être accentué par la volonté du Premier ministre, d’envoyer les élèves qui commencent à tomber dans la délinquance, en internat. « Ce n’est pas en supprimant les données qu’on évite les problèmes », souligne Bruno Humbeeck. D’après lui, « ce n’est pas en reléguant ceux qui sont en difficulté dans des zones d’exclusion de la société que ça ira mieux, au contraire, on crée simplement des bombes à retardement ».

Gabriel Attal n’a pas non plus manqué de « réprimer plus largement et plus sévèrement les manquements des parents à leurs obligations », assurant que « les parents défaillants puissent faire l’objet de travaux d’intérêt général ». Là encore, la réponse est jugée plutôt radicale et pose de nombreuses questions sur son efficacité.

« Pénaliser les parents, ça n’a aucun sens. Les parents, dont les enfants, montrent des comportements de haute violence, sont tout aussi perdus que l’école et donc les pénaliser, eux, parce qu’ils n’auraient pas rempli leur rôle, c’est ajouter un problème au problème », explique le psychopédagogue. Ainsi, il propose au contraire que « la famille doit être accompagnée, elle doit être responsabilisée ».

« Le contrat de droits et d’obligations, c’est le retour du contrat à la Rousseau »

Bruno Humbeeck juge d’autant plus « étrange » le « contrat de droits et d’obligation » entre les écoles et les familles, abordé par Gabriel Attal. « C’est comme si c’était le contrat qui permettait de faire société, alors qu’en réalité c’est la manière dont on met des outils en place dans toutes les institutions, qui fait que la société tient debout », ironise le spécialiste.

De plus, il souligne que « si vous contractualisez avec quelqu’un qui a un comportement anomique, il va vous dire « Ok je veux bien signer ton contrat mais de toute façon je sais que je ne le respecterai pas parce que ni l’école ni les institutions n’ont les moyens de faire en sorte que je respecte ce contrat » ».

Pour l’heure, le Premier ministre se donne huit semaines pour faire aboutir le « travail collectif » sur la question des violences chez les jeunes, avec notamment un « point d’étape » d’ici quatre semaines.

Oui
il y a 2 mois
Évidemment que oui. Laissez un enfant passer quand il n'a pas les base va le mettre en échec complet, mais risque aussi de mettre la classe en échec. ...
Lire plus
Lire 38 arguments Oui
Photo de profil de Caro Jack
21 points
Non
il y a 19 jours
​ il faut préciser l'âge mais en maternelle et en primaire à moins d'avoir de très lourds et très sévère problème je trouve qu'il vaut mieux passer et...
Lire plus
Lire 13 arguments Non

Sujets associés