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Myopathie myotubulaire : une thérapie en développement

Publié le par Alexandra Bresson

Des chercheurs proposent une approche thérapeutique très prometteuse contre la myopathie myotubulaire. Rare mais gravissime, cette maladie peut entraîner le décès des enfants atteints dès la naissance, par détresse respiratoire.

La myopathie myotubulaire est une maladie génétique qui touche 1 garçon nouveau-né sur 50 000. Elle est due à des mutations du gène MTM1 situé sur le chromosome X et codant la myotubularine, une protéine impliquée dans le fonctionnement des cellules musculaires. Dans sa forme la plus grave, elle entraîne une faiblesse musculaire et la mort de l’enfant dans les premières années de vie. En effet, elle entraîne une telle faiblesse musculaire que les muscles respiratoires ne peuvent pas fonctionner : en l’absence d’assistance respiratoire, les enfants atteints décèdent précocement. Il n’existe aujourd’hui aucun traitement efficace pour cette maladie rare très sévère.

Mais une nouvelle approche thérapeutique pourrait être testée chez l’homme d’ici deux ans, selon des chercheurs de l'Inserm*. Cette stratégie se fonde sur l’utilisation de petites molécules synthétiques qui vont diminuer l’expression de DNM2, une protéine dont la surexpression est associée à la maladie. Lors de précédents travaux, l’équipe scientifique avait constaté que, chez la souris, réduire la quantité de protéine DNM2 par des croisements génétiques permettait de diminuer les symptômes de la maladie. Dès lors, DNM2 est devenue une cible thérapeutique, mais les chercheurs ont voulu trouver comment réduire son niveau chez les animaux malades, autrement que par croisement génétique.

Trouver quand et à quelles doses administrer le traitement

Pour cela, ils ont construit des fragments synthétiques d’ARN, des molécules qui transportent l'information contenue dans le patrimoine génétique, pouvant se lier très spécifiquement à cette protéine DNM2. Injectées avant la survenue des symptômes aux souris myopathes présentant la mutation MTM1, ces molécules permettent de bloquer l’apparition de la maladie et sont également efficaces chez les animaux déjà malades depuis au moins trois semaines. Cependant, « certaines souris trop sévèrement atteintes n’ont pu être sauvées, probablement en raison d’une administration trop tardive », précise le chercheur Jocelyn Laporte, qui a dirigé la recherche.

Les résultats de cette étude suggèrent par ailleurs que le niveau de protéine DNM2 doit seulement être ramené à la normale, et non pas fortement diminué. « Cela devrait a priori éviter les effets indésirables associés à une carence trop importante en DNM2, compte tenu de ses fonctions dans l’organisme », clarifie le chercheur. Si ces travaux apportent la preuve de l’efficacité du procédé chez la souris, ils doivent encore être poursuivis pour évaluer la sécurité de ce possible traitement chez l'homme. Une start-up, Dynacure, a été créée pour cela, et si tout se passe bien, un essai clinique pourrait démarrer en 2019. Les chercheurs sont déjà sûrs d'une chose : il s'agira d'un traitement à vie.

*L'Institut national de la santé et de la recherche médicale 

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