Nous sommes Le 28 février 2022. Il est environ minuit lorsque Marie (les prénoms des victimes ont été changés), 12 ans, et sa grande sœur Mathilde, 15 ans, regardent La Petite Sirène, dans leur maison guyanaise, à Cayenne. Leur mère les arrête alors dans leur visionnage pour leur annoncer une bonne nouvelle : elles vont se rendre en France pour aller voir leurs frères. Seulement, avant de quitter la maison et prendre l’avion, elles doivent avaler des ovules de cocaïne, ordonne la maman. Si Marie, la plus jeune des deux enfants, ne mesure pas le danger, sa grande sœur, sensibilisée en classe de 6e aux risques encourus par les mules, sait que l’éclatement d’un seul ovule dans son corps peut être mortel. Ce que sa mère finit par admettre mais ne leur laisse pas le choix. Ces ovules, les filles doivent absolument les ingérer.
La médecin dit n’avoir jamais vu d’enfants aussi jeunes ingérer de la cocaïne.
Comble du cynisme, leur mère leur fera ensuite prendre des médicaments ralentissant le transit intestinal. Quant à cette maman, Mildred B., elle avalé sept fois moins de cocaïne que ses filles : 35 g seulement, contre un peu plus de 500g pour ses enfants. Elle également avait caché 102 autres ovules — soit 990 g — dans ses bagages. Et c’est à leur arrivée à l’aéroport d’Orly, le 2 mars, qu’un chien antistupéfiants signalera la valise suspecte. La mère est placée en garde à vue, et les enfants, hospitalisées, resteront à l’hôpital pendant une dizaine de jours, car l’extraction de la cocaïne, en raison de leur jeune âge, est particulièrement délicate. La cheffe du service de l’hôpital Dieu, qui s’est occupée des fillettes, dira n’avoir jamais vu, dans sa carrière, d’enfants aussi jeunes ingérer des ovules de cocaïne.
La maman condamnée à 7 ans de prison
Lors du procès de la maman, qui s’est déroulé ce 16 novembre au tribunal correctionnel de Créteil (Val-de-Marne), l’avocate des enfants résume ainsi la situation « Elles ont tant d’amour inconditionnel pour leur maman qu’elles le font, malgré leur peur de mourir. » La maman, âgé de 44 ans, explique, à la barre, avoir agi parce qu’elle y était acculée par un mystérieux Surinamais, à qui elle devait de l’argent. Elle a finalement été condamnée à une peine de sept ans d’emprisonnement.