Bientôt ou déjà parents, on vous accompagne !

Maladie de Kawasaki : Santé Publique France recense 179 cas apparentés depuis mars

Publié le par Alexandra Bresson

Un recensement lancé par l'Agence Santé Publique France permet d'établir que 179 enfants ont été touchés depuis le 1er mars par un syndrome inflammatoire proche de la maladie de Kawasaki. S'il est encore difficile d'établir un lien formel entre cette maladie aiguë caractérisée par une inflammation de la paroi des vaisseaux sanguins et le SARS-CoV-2, une étude menée par l'Inserm évoque les particularités cliniques que présentent ces petits patients.

L’infection par le SARS-CoV-2 pourrait-elle se traduire par des manifestations cliniques graves chez l’enfant, proches de la symptomatologie observée dans la maladie de Kawasaki ? La question se pose depuis que fin avril, des services pédiatriques au Royaume-Uni, en France et aux États-Unis ont rapporté un petit nombre de cas d’enfants hospitalisés présentant une maladie inflammatoire systémique, dont les symptômes évoquent cette maladie inflammatoire rare. L'agence sanitaire Santé publique France a elle-même été informée le 27 avril par des pédiatres de l’identification de cas « de myocardite avec état de choc cardiogénique » survenus chez des enfants avec une infection COVID-19 récente.

Comme l'explique l'agence, les symptômes présentés faisaient penser à ceux de la maladie de Kawasaki, « mais avec une note inflammatoire et myocardique beaucoup plus marquée. » Afin de recenser au mieux ces cas cliniques atypiques, cette dernière a demandé aux pédiatres hospitaliers de signaler « chaque nouveau cas de syndrome inflammatoire systémique atypique pédiatrique possiblement en lien avec le COVID-19 ». Les résultats viennent de paraître et il s'avère qu'au 02 juin, 179 signalements de « syndromes inflammatoires multi-systémiques pédiatriques » (PIMS) confirmés ou suspectés d’être en lien avec le COVID-19 et survenus depuis le 1er mars 2020, ont été rapportés.

L'Ile-de-France, région la plus touchée

En détail, ces résultats indiquent que quatre-vingt-treize cas (52%) ont concerné des filles et que l’âge médian des cas était de 7 ans. Après avoir réalisé les deux types de tests spécifiques pour le diagnostic des infections par le SARS-CoV-2 (test PCR réalisé à partir d’un prélèvement naso-pharyngé pour une détection directe du virus et le test sérologique pour rechercher la présence dans le sang d'anticorps dirigés contre le virus), les résultats pour l'un ou l'autre de ces tests étaient positifs dans la moitié des cas, et le lien au virus était probable chez 21 autres patients. Et pour 19 autres patients, le lien avec le COVID-19 était considéré comme possible avec des résultats encore en attente.

L'agence estime ainsi que ces données confirment « l’existence d’un syndrome inflammatoire pluri-systémique rare chez l’enfant avec fréquente atteinte cardiaque, lié à l’épidémie de COVID-19.» Celle-ci indique que l’incidence des PIMS en lien avec le COVID-19 a été estimée à 8,9 cas par million d’habitants en France, dans la population des moins de 18 ans. A noter qu'à ce jour, un seul décès a été rapporté, un enfant âgé de 9 ans « décédé dans un tableau d’inflammation systémique avec myocardite. », indiquent les experts. Par ailleurs, plus de la moitié des cas a été rapportée en Ile-de-France, et entre 10 et 20 cas dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Grand Est et Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Que peut-on dire sur les cas observés ?

Et tandis que la pandémie semble être en décroissance sur le territoire, les experts concluent sur le fait que le nombre de nouveaux cas signalés diminue de manière importante puisque aucun nouveau cas n’a été signalé au cours de la dernière semaine de mai. En parallèle de l'investigation de Santé Publique France, une équipe de chercheurs* a également mené une étude observationnelle entre le 27 avril et le 15 mai pour décrire précisément les caractéristiques des enfants et adolescents hospitalisés avec les signes de maladie de Kawasaki. Celle-ci a concerné un total de 21 patients admis dans le service de pédiatrie générale et maladies infectieuses de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP.

Là aussi, un prélèvement nasopharyngé à la recherche du SARS-CoV-2 par RT-PCR et un prélèvement pour la recherche d’anticorps contre le virus ont été réalisés systématiquement pour tous les patients. Les résultats ont montré que si l’évolution clinique a été favorable dans tous les cas, ces enfants ont présenté une « symptomatologie digestive bruyante » au début de la maladie et tous avaient des marqueurs inflammatoires. En effet, 19 patients (90%) avaient des marqueurs d’infection récente (RT-PCR positive pour 8 patients et présence d’anticorps pour 19 patients). Dix-sept patients ont par ailleurs nécessité une prise en charge en soins intensifs ou en réanimation pédiatrique.

En ce qui concerne leurs caractéristiques, les chercheurs soulignent que celles de ces patients diffèrent de celles observés au cours de la maladie de Kawasaki classique. Leur étude précise qu'ils sont plus âgés, plus souvent de descendance d’un pays d’Afrique sub-saharienne (12 patients avaient un parent ou un grand-parent né dans un pays d’Afrique sub-saharienne), et présentaient plus fréquemment des manifestations digestives au premier plan et des formes sévères d'une inflammation du muscle cardiaque qu'est le myocarde. Si les chercheurs n'ont pas pu établir formellement de lien avec l’infection par le virus SARS-CoV-2, ces derniers se prononcent pour « une très forte suspicion. »

*L’équipe du service de Pédiatrie générale et maladies infectieuses de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, de l’Institut Pasteur, de l’Inserm et d’Université de Paris.

Sujets associés