Il était vivement attendu depuis plusieurs mois et le voilà enfin : le plan interministériel de lutte contre le harcèlement scolaire. Annoncé en juin après le suicide de Lindsay, 13 ans, en mai, il est considéré comme une « priorité absolue » par la Première ministre. D’autant plus, depuis le suicide de Lucas et dernièrement Nicolas. D’après l’Éducation nationale un enfant sur dix serait concerné par des violences verbales ou physiques dans le cadre scolaire.
Lors d’une conférence de presse tenue à Matignon ce mercredi 27 septembre 2023, Élisabeth Borne a donc dévoilé, avec plusieurs ministres, les différents points qui constituent ce plan de lutte. L’objectif est « de mieux prévenir les drames tels que ceux survenus ces derniers mois et poser un constat sur les défaillances existantes », a déclaré la Première ministre.
Ce plan se décline en trois piliers : la prévention, la détection, la solution.
« Une mobilisation générale »
Il prévoit entre autres, « la formation de tous les acteurs de la communauté éducative : les élèves, les parents, les personnels de l’éducation nationale, avec l’objectif que chacun soit formé d’ici la fin du quinquennat ». Élisabeth Borne a également annoncé la mobilisation des policiers, gendarmes et magistrats qui « feront des actions de sensibilisation dans les établissements scolaires »
Le volet de prévention passe aussi par la création d’un numéro national de signalements des faits de harcèlement : le 3018.
Des grilles d’autoévaluation
Afin de mieux prévenir les situations de harcèlement et pouvoir se confier en toute discrétion, le gouvernement souhaite instaurer des grilles d’autoévaluation anonyme qui devront être remplies chaque année par « tous les élèves de du CE2 à la 3ème ».
« Une autre grille mise au point pour détecter les risques sera créée à destination des forces de l’ordre », a ajouté la Première ministre.
Une saisine « systématique » du procureur
Avec l’ambition de mener une « lutte implacable » contre le harcèlement scolaire, Élisabeth Borne a annoncé la saisine « systématique » du procureur de la République en cas de signalement de harcèlement et « pour les plaintes », « notamment grâce à une plateforme dédiée entre l’Éducation nationale et la Justice ».
Bannissement des réseaux sociaux
Lors d’une réunion il y a quelques jours, Gabriel Attal avait d’ores et déjà partagé sa volonté de lutter contre le cyberharcèlement. Ainsi le gouvernement prévoit d’exclure « les élèves harceleurs des réseaux sociaux », renvoyant aux « dispositions actuellement débattues au Parlement, dans le cadre du projet de loi pour réguler et sécuriser l’espace numérique ». « Nous voulons des sanctions rapides, en classe comme sur les réseaux sociaux », a affirmé la Première ministre.
Des cours d’empathie
Vendredi 22 septembre 2023, Gabriel Attal s’était rendu au Danemark pour assister à des cours d’empathie. Méthode mise en place dans le pays depuis près d’une vingtaine d’années. La visite semble avoir porté ses fruits. En effet, le ministre de l’Éducation nationale a annoncé le déploiement de cours d’empathie dès la rentrée de janvier 2024. « Il y aura une école pilote par département », a-t-il déclaré.
En 2022, déjà 18 écoles maternelles du 18e arrondissement de Paris et de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), ont testé la méthode, également appelée « Fri for Mobberi » (Libéré du harcèlement). Constatant les effets positifs de cette première expérience, elle a été déployé en cette rentrée 2023 dans de nouvelles écoles des 19e et 20e arrondissements de Paris, ainsi qu’à Eragny (95) et Montreuil (93). Un projet pilote en crèche a également été lancée cette année dans le 18e et à Saint-Ouen.
Deux heures banalisées
À l’occasion de la journée de lutte contre le harcèlement, qui se tiendra le 9 novembre prochain, Gabriel Attal a annoncé qu’il y aurait cette année « deux heures banalisées dans tous les établissements scolaires dédiés à la lutte contre le harcèlement ». « Nous allons généraliser et simplifier la libération de la parole », promet-il.
Tous les rectorats mobilisés
Dans l'intention de « mettre plus d’humain » dans les établissements scolaires, le ministre de l’Éducation nationale a informé de la mise en place d’une « cellule dédiée au harcèlement », dans tous les rectorats de France, « avec plusieurs personnes qui seront dédiées et formées à 100% sur la question » pour être « capable de venir en second recours lorsqu'il y a des difficultés ».
