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Restaurants interdits aux enfants : une tendance qui cartonne en Belgique

Publié le par Mathilde Saez

Trois après l'apparition d'un premier établissement de ce type et l'immense polémique qu'il a suscité, force est de constater qu'il a fait des émules. Le détail.

En 2018, la Brasserie Sir Charles, à Nieuport en Belgique, décidait d'interdire son accès aux enfants. La patron de l'établissement en question se justifiait alors ainsi : "J’en avais vraiment marre. Je me faisais insulter deux à trois fois par jour parce que je demandais gentiment de ne pas sauter avec des chaussures sales sur mes chaises ou de ne pas couper les coussins avec des couteaux. Ça m’est déjà arrivé à quatre reprises d’être agressé parce que j’ai demandé à ces enfants d’être un peu respectueux. En plus, les enfants sont si bruyants qu’ils font fuir ma clientèle. Je vise un public plus âgé, qui me rapporte beaucoup plus que ces enfants." Un choix qu'il ne regrette pas.

Car malgré les polémiques et le véritable débat de société que sa décision a engendré, les établissements réservés aux adultes se sont depuis multipliés en Belgique. Tous avancent comme argument la tranquillité de leurs clients, mais également la rentabilité.  Fred, un restaurateur bruxellois, se confie au journal Le Soir : "On sait qu’un couvert d’enfant rapporte près de la moitié d’un couvert adulte pour la plupart des restaurateurs. C’est la raison pour laquelle le client adulte est privilégié, surtout dans le contexte actuel, après deux ans de fermeture pour pandémie et l’augmentation des charges."

Est-il légal d'interdire un établissement aux enfants ?

Il n'y a pas qu'en Belgique que ce type d'établissement existe, même si c'est dans ce pays une tendance qui monte. La véritable question est : est-ce légal ou pas ?  Pour l'association belge Couples et Familles, interdire l’accès aux enfants, que ce soit dans un restaurant, un hôtel ou encore une compagnie aérienne, est une forme de discrimination. “Le ‘jeunisme’ est surtout dénoncé dans le contexte d’un recrutement. Mais il n’empêche, pourquoi le phénomène ‘adult only’ ne pourrait pas, lui aussi, être taxé de discrimination?”, déclare l'un des membres.

Et en France, est-ce possible ? La question a été posée par Le Parisien à Murielle Gasnier, juriste à l'UFC Que choisir : « Légalement, il est interdit de refuser sa prestation de service à un client, sauf motif légitime. Par exemple, en cas de restaurant complet, de fermeture exceptionnelle ou de soirée spécifique. (...) Le fait de ne pas vouloir admettre dans son établissement de jeunes enfants est un motif discriminatoire (discrimination par l'âge). » Et de prévenir : « Si vous avez des témoins de l'expression de ce refus, vous pourriez alors déposer plainte car il s'agit d'une infraction pénale. Vous pouvez également le signaler aux services de la Répression des fraudes, et en alerter le Défenseur des droits chargé de lutter contre ces discriminations. Le gérant encourt des sanctions pouvant aller jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende. »