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Les phtalates peuvent nuire à la thyroïde des filles

Publié le par Alexandra Bresson

Une étude, la première à évaluer le lien entre l'exposition aux phtalates et la fonction thyroïdienne chez les enfants au fil du temps, montre que ces produits chimiques l'affectent significativement chez les filles.

Les phtalates sont des substances chimiques qui appartiennent à la famille des « perturbateurs endocriniens » (PE). Ces derniers portent ce nom car ils sont susceptibles d’interférer avec le fonctionnement du système endocrinien, c’est-à-dire des cellules et organes impliqués dans la production des hormones. En ce qui concerne les phtalates, impossible de ne pas y être exposé, car ces substances sont présentes dans des produits tels que les huiles lubrifiantes, détergents, solvants, produits pharmaceutiques, fils et câbles électriques, produits cosmétiques. Des chercheurs ont découvert quels impacts ils peuvent précisément avoir sur le développement des filles.

Leur étude affirme qu'une exposition durant la petite enfance à travers des produits comme les jouets en plastique, le shampooing, et surtout les produits ménagers, était associée à une dysfonction thyroïdienne chez les filles à l'âge de 3 ans. Des mesures de cinq types de phtalates et de deux hormones thyroïdiennes ont été recueillies auprès de 229 femmes pendant la grossesse, et plus tard chez les 229 enfants à l'âge de 3 ans. Les chercheurs ont alors constaté que les petites filles présentaient un niveau faible de thyroxine, principale hormone sécrétée par cette glande, un signe que celle-ci a du mal à fonctionner. Ils ont également découvert des traces de 4 types de phtalates sur 5.

Des conséquences pour le cerveau ?

« La thyroïde agit comme contrôleur principal du développement du cerveau, affirme l'auteur principal de l'étude, le Pr Pam Factor-Litvak. Les hormones thyroïdiennes fixent le calendrier, et si le temps est hors-synchro, il peut y avoir des conséquences ultérieures dans le cerveau. Les perturbations thyroïdiennes découvertes dans cette étude pourraient expliquer certains problèmes cognitifs que nous constatons chez les enfants exposés aux phtalates, et nous étudions ce sujet. Comme le plomb nous l'a appris, même une exposition faible peut avoir de grandes conséquences. » En effet, de précédentes études évoquaient un risque de QI inférieur, d'asthme, et de problèmes de développement mental et moteur.

Les chercheurs déconseillent ainsi aux parents de jeunes enfants d'utiliser des produits contenant beaucoup de phtalates, comme le vernis à ongles et les revêtements de sol en vinyle. Les troubles de la thyroïde étant plus fréquents chez les femmes que les hommes, cela pourrait expliquer pourquoi les petites filles sont plus vulnérables que les garçons aux produits chimiques qui les perturbent. Une autre hypothèse reste encore à prouver, celle de l'exposition prénatale : la fonction thyroïdienne maternelle pourrait avoir été affectée pendant la grossesse. « Dans l'avenir, il est important d'apprendre ce que font les phtalates pour nuire aux enfants, ainsi que la voie par laquelle ce préjudice est infligé », concluent les chercheurs.

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