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Les grilles d’auto-évaluation contre le harcèlement scolaire, de "la poudre aux yeux" ? L'avis de Bruno Humbeeck

Publié le par Gaëlanne Biarez

En collaboration avec Bruno Humbeeck (Psychopédagogue)

Sur décision du gouvernement, des grilles d’auto-évaluation vont être distribuées aux élèves du CE2 à la terminale, du 9 au 16 novembre 2023. Seulement, sont-elles réellement la solution face au harcèlement scolaire ? Bruno Humbeeck, psychopédagogue, nous donne son avis.

C’est l’une des mesures phares du plan interministériel de lutte contre le harcèlement scolaire, présenté fin septembre par le gouvernement : les grilles d’auto-évaluation. D’après un courrier du ministère de l’Éducation nationale, envoyé le lundi 23 octobre 2023 à tous les chefs d’établissements, ce questionnaire anonyme sera distribué aux élèves de la CE2 à la Terminale, à la rentrée des vacances de la Toussaint. Ainsi, afin d’adapter l’enquête aux différents âges, les chefs d’établissements se sont vus remettre trois questionnaires : du CE2 à CM2, collège et lycée. L’objectif : « mettre l’accent sur la prévention et la détection des situations de harcèlement », déclare le ministère.

« Il faut mettre en place des outils et non pas un seul outil, une seule méthode »

Bruno Humbeeck, psychopédagogue belge spécialisé dans la prévention des violences scolaires et familiales, n’est néanmoins pas convaincu de l’efficacité de ces grilles d’évaluation : « C’est un tout premier pas dans une éventuelle bonne direction, mais ce n’est pas du tout la solution. Il ne faut pas prétendre qu’on gère le harcèlement de cette façon-là ». En effet, pour le professionnel, la lutte contre le harcèlement scolaire ne doit pas s’arrêter là : « Il faut mettre en place des outils et non pas un seul outil, une seule méthode, à destination de toutes les écoles, comme c’est le cas actuellement. Ça ne peut pas fonctionner. »

De plus, selon lui, il ne s’agit pas de fonctionner en « one shot », « Il faudrait que l’auto-l’évaluation soit systématique ». Le gouvernement a pour l’instant indiqué que les grilles d’auto-évaluation seraient distribuées aux élèves entre le jeudi 9 novembre (date de la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire) et le 16 novembre 2023, au cours de deux heures du temps scolaire banalisées.

« Il faut qu’il y ait une parole généralisée »

Autre point important, le ministère de l’Éducation nationale a annoncé que les élèves ne seraient pas obligés de remplir ces questionnaires, s’ils ne le souhaitent pas. Pour Bruno Humeck, cette décision, quelque peu paradoxale, va à l’encontre du dispositif : « C’est le côté un peu poudre aux yeux dans lequel on donne l’impression qu’on fait une concertation qui touche tout le monde alors qu’en réalité elle ne touche qu’une minorité de personnes, ceux qui vont accepter d’en parler et qui croient au dispositif. »

Effectivement, nous pouvons aisément deviner qu’un élève harcelé ou un harceleur préférerait rester dans le silence plutôt que de se confronter aux regards des autres et aux conséquences disciplinaires. Pour éviter ce genre de situations, les grilles d’auto-évaluation doivent donc « être quelque chose de systématique pour tous les élèves », déclare le psychopédagogue. « Il faut qu’il y ait une parole généralisée, auquel cas nous aurons une vision très partielle du phénomène » ajoute-t-il.

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