Le constat émanant de l'Institut des politiques publiques (IPP) est sans équivoque. Dès l'entrée en cours préparatoire (CP), bien que les filles débutent avec un niveau équivalent à celui des garçons, elles affichent un décrochage au milieu de cette première année scolaire. Une tendance qui persiste à l'entrée en CE1, explique à l'AFP Thomas Breda, économiste et faisant partie des auteurs de cette étude.
Un décrochage chez les filles qui interpelle. L'analyse de l'IPP porte sur 2,5 millions d'enfants sur la période de 2018 à 2022 et est basée sur les capacités des enfants à additionner, lire, écrire, comparer des nombres et commencer à avoir un début de notion de quantité. Elle révèle que ce phénomène concerne toutes les strates de la société, que ce soit dans des milieux favorisés ou des contextes familiaux divers. Même des paramètres tels que le statut des parents enseignants ou scientifiques, le choix entre écoles publiques ou privées, et les approches pédagogiques ne semblent pas influencer cette tendance. Seul un milieu en particulier marque une légère atténuation du décrochage : celui des réseaux d'éducation prioritaire, soulignant l'importance de facteurs tels que des classes de taille réduite et un soutien scolaire renforcé. Mais qui “ne permettent pas de résorber le décalage”, déclare Thomas Breda.
Les stéréotypes de genre, un facteur déterminant
Alors que la disparité entre les performances en mathématiques des filles et des garçons demeure, l'étude de l'IPP met en lumière le rôle potentiel des stéréotypes de genre. Ainsi, Thomas Breda souligne que cette différence ne peut être attribuée à des facteurs biologiques ou génétiques. Au contraire, elle suscite des interrogations sur l'impact précoce et généralisé des stéréotypes de genre dans la société. “Quand il s’agit de se représenter quelqu’un de très intelligent, les élèves pensent plutôt à des hommes” , souligne le chercheur, avec d’autres études à l’appui. L’une des autres explications pourraient être les jeux genrés, comme le football ou les billes où les petits garçons sont amenés à compter plus tôt.
Si elles décrochent généralement vite en maths, les petites filles ont en revanche l’avantage en français, toujours d’après l’étude, même si elles le conservent un peu moins en CE1. Pour rappel, en 2021, seulement un tiers des diplômés dans le domaine des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques étaient des femmes.