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Les enfants victimes de harcèlement à l'école sont plus susceptibles de développer un comportement violent à l'avenir

Publié le par Alexandra Bresson

Dans une récente étude, des chercheurs affirment que les enfants victimes de brimades dans leur établissement scolaire peuvent eux-mêmes développer des comportements violents par la suite. Un cercle vicieux qu'il serait pourtant possible d'éviter grâce à des programmes visant à accroître les compétences sociales et émotionnelles.

La première “Journée internationale contre la violence et le harcèlement en milieu scolaire”, y compris le cyber-harcèlement, a été célébrée le 5 novembre dernier. A cette occasion, l'Unesco* révélait que plus de 30% des élèves dans le monde ont déjà été victimes de harcèlement, l’une des formes les plus répandues de violence à l’école, ce qui a des conséquences désastreuses sur le plan des résultats scolaires, de la déscolarisation et de la santé physique et mentale. Ce dernier désigne un modèle de comportement plutôt que des incidents isolés, et peut être défini « comme un comportement intentionnel et agressif se produisant de manière répétée à l’encontre d’une victime. »

Dans leur dernière étude publiée dans la revue Science Direct des chercheurs des universités de Cordoue et de Cambridge ont étudié les facteurs de risque et de protection possibles de la violence et, de cette manière, ont vérifié si un comportement violent peut être prédit des mois voire des années avant qu'il ne se développe. Plus précisément, l'étude s'est attachée à déterminer dans quelle mesure la victimisation représente un facteur de risque, et l'empathie et les compétences sociales et émotionnelles des facteurs de protection pour le développement d'un comportement violent chez les enfants et les adolescents dans différents contextes, comme l'école ou le cadre familial.

Le sexe masculin et un âge jeune, des facteurs prédictifs de violence

« Il peut s'agir de comportements troublants à la maison, y compris de la violence physique envers les parents et les frères et sœurs, ou à l'école comme de la violence physique envers le personnel enseignant et les camarades de classe, ou encore d'autres contextes, d'une attitude déplacée en public. » explique le Pr Raquel Espejo Siles qui a mené cette recherche. Pour mener cette étude, les chercheurs ont intégré 871 étudiants de 10 à 17 ans, dont la tâche était de remplir des questionnaires, l'un en juin 2017 et l'autre en juin 2018. Les analyses des résultats ont montré en premier lieu que le recours à la violence à l'encontre d'autres personnes était lié à une tendance à prendre des décisions impulsives.

Autre particularité : les enfants concernés étaient plus susceptibles de faire preuve « d'une motivation aveugle pour atteindre leurs objectifs, sans tenir compte des inconvénients ou des conséquences négatives de ce type de comportement. », ajoute le Pr Raquel Espejo Siles. Par ailleurs, le fait d'avoir été victime de harcèlement, plus précisément d'une victimisation par intimidations, représente un facteur de risque de développer un comportement violent à la maison et/ou à l'école dans l'année qui suit notamment pour les jeunes garçons. Il a aussi été constaté que les jeunes violents en public ou en classe obtenaient un score plus élevé en matière de « désengagement moral ».

« La violence est un cercle vicieux »

« Cela signifie qu'elles se trouvaient généralement des excuses pour que leurs actes semblent moins graves qu'ils ne le sont réellement. », précisent les chercheurs. A l'inverse, des scores plus élevés dans certaines facultés sociales et émotionnelles à l'école comme l'empathie (faculté de se mettre à la place d'autrui), la maîtrise de soi, la motivation et la prise de décision sont des facteurs de protection contre la violence. L'équipe scientifique indique par conséquent que ces résultats soulignent l'importance d'initiatives de prévention contre la violence, reposant sur l'apprentissage chez les enfants de toutes ces compétences sociales et émotionnelles, par les parents mais aussi les enseignants.

Enfin, les données montrent que réduire la victimisation en milieu scolaire pourrait être efficace pour diminuer la violence dans différents autres contextes à l'avenir. « Il est important de prévenir la violence, à la fois la victimisation et le harcèlement, car les données de cette étude et d'autres indiquent que la violence est un cercle vicieux. Être l'agresseur ou la victime comporte un risque élevé de développer le rôle opposé, de renforcer et d'augmenter la violence à la fois à l'école et en dehors. », conclut le Pr Raquel Espejo. A noter que la Journée internationale contre la violence et le harcèlement en milieu scolaire, y compris le cyber-harcèlement sera célébrée chaque premier jeudi du mois de novembre.

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