Bientôt ou déjà parents, on vous accompagne !

Les enfants dyslexiques peuvent montrer une sensibilité émotionnelle accrue

Publié le par Alexandra Bresson

Les enfants atteints de dyslexie seraient plus susceptibles de faire preuve d'une plus grande réactivité émotionnelle que les enfants sans dyslexie, selon une nouvelle étude américaine. Une particularité qui pourrait favoriser de plus grandes compétences sociales, mais aussi de l'anxiété.
 

Les troubles de l’apprentissage, également appelés DYS, regroupent principalement 5 troubles : dyslexie, dyspraxie, dyscalculie, dysphasie, et troubles de l’attention. La dyslexie est une mauvaise association des graphèmes (caractères écrits) et des phonèmes (sons). Il s’agit également d’une incapacité à saisir rapidement un mot dans sa globalité, ce qui implique que la personne déchiffre lentement les mots, et fasse des fautes. Pendant la lecture, les personnes dyslexiques présentent une hypoactivité dans les systèmes linguistiques, situés dans l'hémisphère gauche du cerveau. Mais une activité plus faible dans un circuit cérébral peut-elle être accompagnée d'une plus grande activité dans une autre ?

Telle est la question que se sont posés des chercheurs de l'University of California San Francisco vis-à-vis d'enfants atteints de dyslexie. Leur étude a consisté à faire regarder des vidéos émotionnellement évocatrices chez ces enfants, et ces derniers ont montré des réponses physiologiques et comportementales plus importantes par rapport aux enfants sans dyslexie. Cette réactivité émotionnelle plus élevée était corrélée à une connectivité plus forte dans une région du cerveau qui prend en charge la génération d'émotions et la conscience de soi. Ces résultats suggèrent donc que ce syndrome serait beaucoup plus complexe qu'une simple faiblesse dans les compétences en lecture.

« La dyslexie est associée à des forces et des faiblesses »

« Il y a des anecdotes selon lesquelles certains enfants dyslexiques ont une plus grande intelligence sociale et émotionnelle.», explique le Pr Virginia Sturm qui a participé à l'étude. «Nous ne voulons pas dire que tous les enfants dyslexiques sont nécessairement doués de cette manière, mais nous pensons que la dyslexie est associée à la fois à des forces et à des faiblesses. » Les chercheurs ont recruté 32 enfants âgés de 8 à 12 ans atteints de la forme classique de dyslexie «phonologique» pour participer à l'étude, ainsi que 22 enfants sans dyslexie. Tous les enfants ont été équipés de capteurs pour surveiller leur respiration, leur conductance cutanée ou activité électrodermale et leur fréquence cardiaque.

Par ailleurs, leurs expressions faciales ont été filmées alors qu'ils visionnaient de courts extraits de films conçus pour susciter des émotions positives et négatives spécifiques, telles que l'amusement et le dégoût. Les chercheurs ont constaté que les enfants dyslexiques affichaient un comportement facial émotionnel plus important et étaient physiologiquement plus réactifs lorsqu'ils regardaient les extraits de films que les enfants sans dyslexie. De plus, des IRM de leur activité cérébrale ont révélé que les enfants les plus expressifs avaient une connectivité plus forte entre l'insula antérieure droite et le cortex cingulaire antérieur droit, des structures cérébrales clés pour la génération d'émotions et de la conscience de soi.

Une plus grande capacité à établir des liens sociaux ?

Enfin, chez les enfants dyslexiques, ceux dont les expressions faciales étaient plus fortes émotionnellement parlant présentaient également de meilleures compétences sociales selon les dires de leurs parents, mais aussi des symptômes plus importants d'anxiété et de dépression. Pour l'équipe scientifique, il se peut que les enfants dyslexiques possèdent des atouts liés à la perspicacité sociale, car des réponses émotionnelles plus fortes peuvent être un élément clé de relations sociales fructueuses. Selon eux, «cette capacité à établir des liens sociaux, souvent interprétée comme une stratégie compensatoire, pourrait être le signe d'une amélioration des capacités émotionnelles au niveau neurologique.»

Pourtant, un diagnostic de dyslexie n'est pas une garantie de réussite sociale. Car comme l'indiquent les rapports des parents, une réactivité et une sensibilité émotionnelles plus élevées peuvent aussi être un facteur de risque de développer de l'anxiété et de la dépression. Une raison de plus pour s'assurer que ces enfants soient bien considérés pendant leur scolarité puis sur leur lieu de travail. De prochaines études devront déterminer si cette forte réactivité émotionnelle peut conduire à une empathie accrue. Les chercheurs espèrent qu'en comprenant davantage les points forts des enfants dyslexiques, il sera possible de développer des interventions plus ciblées et ainsi réduire la stigmatisation envers cette maladie.

Sujets associés