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L’école française, mauvaise élève pour l’estime de soi

Publié le par Stella Roca

Un rapport du Conseil scientifique de l’Education nationale relève un important déficit d’estime et de confiance en soi  chez les jeunes élèves français. Une donnée inquiétante, quand on sait que l’école peut être un lieu d’épanouissement si elle développe des pratiques pédagogiques différentes. On vous dit tout.

Un rapport du Conseil scientifique de l’Education nationale, intitulé “Quels professeurs au XXIe siècle ?” s’est intéressé à la confiance en soi des jeunes élèves français. Et l’état des lieux est inquiétant. Le document souligne en effet que « les élèves français figurent parmi ceux qui ont le moins confiance en leurs propres capacités, sont les plus anxieux et présentent une forte défiance dans le système scolaire en général ». De même, les auteurs du rapport mettent en avant « un important déficit des élèves français dans les compétences socio-comportementales de base : sentiment d’efficacité personnelle, estime de soi, persévérance ». Un manque de confiance qui entrave souvent la progression des résultats scolaires, et qui pourrait être réduit par de nouvelles pratiques pédagogiques.

Réformer le système de notation ?

Joëlle Proust, philosophe et membre du Conseil scientifique de l'Education nationale, témoignait pour France Info que« les pratiques actuelles de l'école sont inspirées d'un autre temps ». En effet, les notes sont l’exemple le plus souvent utilisé par les chercheurs pour démontrer comment l’école peut être un obstacle majeur au développement d’une plus grande confiance en soi.« On évalue beaucoup par le négatif, en sanctionnant les erreurs, et on ne met pas du tout en valeur les efforts et les progrès des élèves », déclare la philosophe. Un système de notation trop négatif « où l'intérêt pour la note dépasse celui pour l'apprentissage, et conduit à les terrifier », déplore-t-elle, et qui ne permet pas aux enfants de s’améliorer aussi bien scolairement que psychologiquement. La psychologue Agnès Florin nous apprend que « l’épanouissement de l’enfant passe par le sentiment d’efficacité personnelle. Dès qu’il fait des efforts et qu’il est félicité, son estime de soi remonte ».

Plus de place à l’oral ?

La professeure en psychologie Agnès Florin assure que les enseignants parlent pendant 90% du temps d’un cours, et que selon elle « l'idée serait de permettre aux enfants de parler au moins pendant 50% du temps pour qu'ils soient plus impliqués dans le cours ».Une possibilité donnée aux élèves qui permettrait de vérifier leur compréhension du cours et de développer leur confiance en eux. Une enseignante, qui applique quotidiennement l’oral dans ses enseignements, témoignait de son expérience : « Quand on échange à voix haute, on peut se corriger plus facilement, et en tant que professeur, on peut poser des questions pour guider l’élève. »Une technique positive pour les élèves et les professeurs qui doivent s’assurer que les jeunes peuvent s’exprimer librement, sans avoir peur du regard et des moqueries de leurs camarades. La professeure d’histoire-géographie interrogée utilise elle des techniques de respiration pour mieux gérer l’anxiété des élèves face à une prise de parole en public.

Des solutions existent et fonctionnent

Les pays scandinaves, pionniers dans les apprentissages alternatifs, sont souvent une source d’inspiration pour les chercheurs. L’un des procédés utilisés chez eux consiste à contrôler les acquis des élèves en évaluant eux-mêmes leurs connaissances avec un smiley. La philosophe Joëlle Proust insiste sur l’intérêt de cette notation : « Ils ne sont plus passifs face à l'évaluation. C'est important, afin qu'ils ne subissent pas le résultat et qu'ils prennent conscience de leurs aptitudes ». Alors que le rapport montrait que 56% des professeurs français passent l’entièreté de leur cours sous forme magistrale, la philosophe pointe du doigt la nécessité d’accompagner individuellement les élèves et les bénéfices des travaux de groupe entre élèves de différents niveaux. Le nouveau grand oral du bac est également une réponse apportée au manque d’intérêt que l’école donne à la prise de parole en public. Une prise de parole qui « est partout, que ce soit dans la vie quotidienne ou dans le monde professionnel », témoigne Laurent Noé, secrétaire du Conseil d’évaluation de l’école. Un apprentissage essentiel pour la confiance des élèves, à mieux intégrer dans les programmes, mais qui nécessite une formation des professeurs et une préparation en amont des élèves.

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