Bientôt ou déjà parents, on vous accompagne !

L’école aggraverait les inégalités sociales

Publié le par Christine Diego

Le dernier rapport du Conseil national d’évaluation du système scolaire (CNESCO), publié ce 27 septembre 2016, pointe du doigt le paradoxe du système éducatif français : censé lutter contre les inégalités sociales des enfants, il serait au contraire responsable de les accroître…

Un rapport de plus qui pointe les paradoxes du système éducatif français. Le CNESCO publie ce 27 septembre, les conclusions d’une vingtaine de rapports d’experts (psychologues, sociologues, économistes, français ou étrangers) après deux ans d’une vaste enquête sur le rôle de l’école dans l’égalité des chances des enfants. Résultat : l’enquête met en cause le système éducatif lui-même et ses 30 ans de politiques éducatives. En clair, les experts estiment que le système actuel n’effacerait pas les inégalités sociales, bien au contraire, il les accentuerait. Ces dernières années, plusieurs études ont évoqué le problème de l’école française, devenue la plus inégalitaire de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Autre repère : l’enquête PISA, publié tous les 3 ans, pointe régulièrement du doigt le niveau « moyen » de l’élève français, la « baisse des résultats scolaires » des élèves défavorisés, alors que les élèves issus des milieux favorisés continueraient de « devenir excellents ». Un fossé accentué par la façon dont les ZEP (Zones Prioritaires d’Education) ont été mises en place sur le terrain. C’est en substance ce qui ressort de ce nouveau rapport. Le CNESCO détaille ainsi une « longue chaîne de processus inégalitaires », renforcée à chaque étape de la scolarité. Sont en cause : les inégalités de traitement, de résultats, d’orientation, d’accès au diplôme, et même des inégalités d’insertion professionnelle. Assez contenus à l’école primaire, les différences s’envolent à partir du collège. Ainsi, les élèves des établissements les plus défavorisés, en fin de 3e, ne maîtriseraient que 35 % des compétences attendues en français, contre 80 % pour les élèves scolarisés dans un collège dit « favorisé ». A même niveau scolaire, les premiers ont deux fois moins de chances d’intégrer le lycée général. Le rapport du CNESCO accuse clairement la politique des ZEP, construite sur le principe de la discrimination positive « donner plus à ceux qui ont moins ». Or, a contrario, aujourd’hui, l’éducation prioritaire aboutirait à produire l’inverse : « On donne moins à ceux qui ont moins ». Comme l’explique Georges Felouzis, sociologue à l’université de Genève, un des experts du rapport : « Au départ pensé comme temporaire, le dispositif s’est étendu, les moyens se sont dilués, avec des effets de stigmatisation assez forts : dès lors qu’un établissement passe en éducation prioritaire, il y a une désertion des familles pour scolariser leur enfant dans un autre collège », dénonce-t-il. D’autres critiques pleuvent : en éducation prioritaire, la taille des classes n’est pas assez réduite pour avoir un impact. Il y aurait 1,4 élève en moins au primaire et 2,5 élèves de moins au collège. Les enseignants seraient moins expérimentés (17 % ont moins de 30 ans dans le secondaire, contre 9 % hors éducation prioritaire, avec beaucoup de turn-over dans les équipes). Autre point noir : au collège, les enseignants de ZEP doivent consacrer 21 % du temps de classe à « l’instauration et au maintien d’un climat favorable », contre 16 % hors de l’éducation prioritaire et 12 % dans le privé. C’est du temps en moins consacré à l’enseignement. Exemple : les 4 heures de français par semaine programmées en 3e passent à 2 h 30 en ZEP, 2 h 45 hors ZEP et 3 heures dans le privé. En cause : des problèmes de discipline, d’exclusions, d’absences d’élèves et d’enseignants qui chamboulent les emplois du temps. Conséquence : la qualité baisse, évidemment. Autre constat alarmant : « Les élèves de milieux défavorisés n’ont pas accès aux mêmes méthodes pédagogiques que ceux de milieux favorisés », explique Nathalie Mons, sociologue, présidente du CNESCO. « En mathématiques, par exemple, les tâches sont moins ambitieuses, les attentes plus basses, l’environnement pédagogique moins porteur », ajoute-t-elle. Les experts soulignent même que cette différence de traitement serait plus importante en France qu’ailleurs.
Source : Conseil national d’évaluation du système scolaire (CNESCO)

Sujets associés