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Le syndrome de Kawasaki lié au COVID-19 chez les enfants serait une nouvelle condition

Publié le par Alexandra Bresson

Une étude sur des enfants souffrant de symptômes inflammatoires sévères montre que la maladie est nouvelle et distincte de la maladie de Kawasaki classique. Car si les risques pour la santé cardiaque des enfants atteints demeurent similaires, leurs caractéristiques diffèrent, estiment des chercheurs.

En France, un recensement lancé par l'Agence Santé Publique France a permis d'établir que 179 enfants ont été touchés depuis le 1er mars par un syndrome inflammatoire proche de la maladie de Kawasaki. S'il est encore difficile d'établir un lien formel entre cette maladie aiguë caractérisée par une inflammation de la paroi des vaisseaux sanguins et l'épidémie de COVID-19, une étude menée par des chercheurs de l'Imperial College London et publiée dans le Journal de l'American Medical Association, vient de confirmer qu'il s'agirait en réalité d'un syndrome apparenté à la maladie de Kawasaki, mais quelque peu différent, étant donné les manifestations cliniques et les patients concernés.

Ces chercheurs expliquent avoir identifié les principaux symptômes et marqueurs cliniques de ce nouveau syndrome, ce qui pourrait aider les cliniciens à le diagnostiquer et à le traiter et les chercheurs à trouver de nouveaux traitements. La maladie, que les chercheurs ont nommée « syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique (PIMS-TS) » a été étudiée chez 58 enfants admis dans huit hôpitaux en Angleterre. Premier constat : si cette condition est rare, elle peut néanmoins provoquer des dommages au cœur sur le long terme. En France, des scientifiques évoquent par exemple des formes sévères de myocardite (inflammation du tissu musculaire du cœur).

Des patients plus âgés, avec des manifestations digestives

« Bien qu'extrêmement rare, ce syndrome peut rendre un enfant très malade. Il est donc important de bien caractériser la maladie afin de pouvoir assurer une surveillance étroite et le meilleur traitement. », estime la Dre Elizabeth Whittaker, qui a dirigé l'étude. Les chercheurs ont découvert que le PIMS-TS semble être plus susceptible d'affecter des enfants plus âgés par rapport à l'âge observé pour la maladie de Kawasaki classique : en moyenne 9 ans contre 4 ans pour la maladie de Kawasaki. Par ailleurs, les enfants concernés présentent plus souvent des douleurs abdominales et de la diarrhée, en plus des caractéristiques communes telles qu'une fièvre persistante.

Enfin, les patients seraient aussi plus susceptibles d'être d'origine noire ou asiatique. La maladie de Kawasaki est caractérisée par une inflammation de la paroi des vaisseaux sanguins, particulièrement ceux du cœur (artères coronaires), ce qui entraîne une réduction de la quantité de sang pouvant atteindre le cœur. Un traitement à base d’immunoglobulines permet à la grande majorité des patients de guérir rapidement, c'est pourquoi celui-ci a donc également été utilisé chez les patients atteints de PIMS-TS. Et ce bien que « les différences entre les deux maladies signifient que cela doit être étudié plus avant et que le traitement doit être soigneusement surveillé. », notent les chercheurs.

Des marqueurs d’infection récente au SARS-CoV-2

Bien que l'équipe scientifique ne puisse pas, encore une fois, affirmer que le syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique est causé par le COVID-19, 45 des 58 enfants étudiés avaient des signes d'infection actuelle ou passée : cela suggère que l'émergence d'une nouvelle condition inflammatoire pendant cette période de pandémie n'est probablement pas une coïncidence. De même, la majorité des enfants présentant des signes d'infection possédaient des anticorps contre le nouveau coronavirus, ce qui laisse entendre, selon les chercheurs, que le PIMS-TS surviendrait après celle-ci, potentiellement à la suite d'une réaction excessive du système immunitaire.

Pour cette raison, les chercheurs affirment également qu'une meilleure compréhension du PIMS-TS pourrait aider à une compréhension plus générale du COVID-19 et de ses effets, même chez les adultes. Par exemple, si cette condition est causée par une réaction excessive du système immunitaire, cela pourrait avoir des implications pour l'utilisation des vaccins. « Une prochaine étape importante consistera à examiner ces données dans le contexte d'autres études publiées dans le monde entier. Le recrutement d'enfants dans des études d'observation et des essais cliniques sera essentiel pour créer une base de données probantes pour obtenir le meilleur traitement. », concluent-ils.

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