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Le plaisir de manger, un facteur clé pour des choix alimentaires plus sains chez l'enfant

Publié le par Alexandra Bresson

Plaisir et santé sont deux concepts souvent opposés lorsqu’il est question d’alimentation, notamment chez l’enfant. Or, des chercheurs de l’Inra ont montré que les enfants associant plutôt l’alimentation au plaisir font les choix de meilleure qualité nutritionnelle.

Dans un contexte où le taux d'obésité de la population, et notamment des enfants, ne cesse de progresser, les campagnes de santé publique portent surtout sur les valeurs nutritionnelles des produits en les répartissant dans deux catégories, à savoir les produits « sains » et « gras/sucrés ». ont travaillé sur cette problématique à partir de ce constat : dès leur plus jeune âge, les enfants acquièrent des valeurs nutritionnelles, mais également des valeurs hédoniques, c’est-à-dire liées au plaisir. Ces derniers ont donc voulu savoir si une attitude hédonique envers l’alimentation chez les enfants pouvait constituer une menace, ou au contraire un atout, pour une meilleure alimentation.

Pour étudier ce lien entre plaisir et santé, les chercheurs ont mené une expérimentation auprès d’une soixantaine d’enfants âgés de 5 à 11 ans. Les scientifiques ont mesuré la dominance « hédonique » ou « nutritionnelle » des attitudes des enfants envers leur alimentation, au moyen d’un nouvel outil sur tablette tactile composé de deux jeux. Le premier jeu consistait à choisir les deux aliments qui vont le mieux ensemble parmi trois, selon des critères hédoniques ou nutritionnels. Le second consistait à classer des aliments selon plusieurs catégories : « ça donne des forces », « ça fait grossir » (deux catégories nutritionnelles) ou « c’est miam », « c’est beurk » (deux catégories hédoniques).

« Le plaisir alimentaire pourrait servir de levier »

De plus, les scientifiques ont proposé un buffet à l’heure du goûter à ces mêmes enfants. Celui-ci était composé d’aliments de plus ou moins bonne qualité nutritionnelle : des fruits, mais aussi des gâteaux et des bonbons. Les enfants devaient se constituer un goûter avec cinq assiettes au choix, avant de le partager ensemble. Les résultats qui viennent d’être publiés dans la revue « Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity » montrent que les enfants qui associent le plus l’alimentation au plaisir sont ceux qui font les choix de meilleure qualité nutritionnelle : ils ont choisi en moyenne une portion de fruits en plus que les enfants qui ont les attitudes les plus nutritionnelles.

« Ces résultats sont en rupture avec l’idée répandue selon laquelle acquérir “une conscience nutritionnelle” dès le plus jeune âge serait le garant d’une alimentation favorable à la santé », expliquent les chercheurs. « Ces travaux suggèrent au contraire que le plaisir alimentaire pourrait servir de levier dans des interventions visant à encourager la consommation d’aliments favorables à la santé. » En s'appuyant sur cette conclusion, ils souhaitent maintenant travailler à la mise en place d’interventions chez l’enfant basées sur le plaisir et visant à revaloriser affectivement les aliments sains pouvant être proposés lors du goûter, un repas généralement propice à la consommation d’aliments gras.

*Institut national de la recherche agronomique

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