« Combien y a-t-il de quarts d’heure dans trois quarts d’heure ? » À cette question apparemment simple, la moitié des élèves qui entrent en sixième n’ont pas répondu correctement. C’est ce que révèle une note publiée le 20 septembre par le Conseil scientifique de l’Éducation nationale (CSEN), présidé par le neuroscientifique Stanislas Dehaene, et qui s’appuie sur les tests réalisés à l’entrée en sixième.
Le niveau de ces élèves, sortant de l’école primaire, serait donc alarmant. Même les fractions les plus simples n’auraient aucun sens à leurs yeux. Pour preuve, un autre exemple frappant relevé par la note : quand on leur demande de situer la fraction 1/2 sur une ligne graduée de 0 à 5, seulement 22 % des élèves y parviennent. Pire, révèle la note interne : les enfants confondent fractions et décimaux, par exemple 1/2 avec 1,2, et beaucoup se trompent dans les calculs. Par exemple, à la question « calculez 0,8 + 1 », ils sont nombreux à répondre 9 !
Des connaissances indispensables
Pourtant, explique Stanislas Dehaene, à la tête du CSEN depuis 2018, « la compréhension de ces outils mathématiques est indispensable à la mesure de n’importe quelle dimension physique. Dans un monde de plus en plus numérique, les prochaines générations risquent de souffrir d’un profond déficit. » Des difficultés qui devraient rapidement porter préjudice aux jeunes Français, dans la poursuite de leurs études comme dans leur vie quotidienne.
Tous les milieux sociaux
Ces difficultés de compréhension des fractions les plus simples, élémentaires en mathématiques, concernent tous les milieux sociaux, et l’école privée comme l’école publique, relève la note du Conseil scientifique de l’Éducation nationale. En éducation prioritaire, il atteint 85 % des élèves testés, mais hors éducation prioritaire, il est également très élevé, avec 75 %. Autre constat peu glorieux : l'étude souligne que les filles sont encore moins performantes que les garçons.
Aucun progrès en 3 ans
La note du CSEN relève que cet « énorme déficit de compréhension des fractions » se poursuit tout au long de la scolarité : en seconde générale, les élèves sont encore 45 % à se tromper sur des fractions simples. Autre constat alarmant : depuis trois ans, aucun progrès n’a été constaté chez les élèves. Voilà qui corrobore les dernières études PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), qui font régulièrement état des faibles résultats des petits Français en maths (26e position sur 79 pays). Les prochains résultats de l’étude PISA, qui seront publiés en décembre 2023, porteront justement sur les mathématiques.