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La maltraitance infantile affecte les circuits cérébraux

Publié le par Alexandra Bresson

Pour la première fois, des chercheurs ont pu observer des modifications des structures neuronales dans certaines régions du cerveau chez des personnes victimes de maltraitance durant l’enfance.

Plusieurs études ont déjà montré que la maltraitance infantile grave peut conduire à un risque accru de trouble psychiatrique en grandissant : dépression, suicide, degré élevé d’impulsivité, d’agressivité et d’anxiété, de même qu’une toxicomanie plus fréquente. Des chercheurs de l'université McGill (Canada) ont tout récemment publié une étude selon laquelle les séquelles à long terme de ce type de traumatismes pourraient être attribuables à une défaillance structurelle et fonctionnelle touchant des cellules d'une région spécifique du cerveau, appelée cortex cingulaire antérieur. Cette dernière est essentielle car elle participe à la régulation des émotions et de l’humeur.

Les chercheurs estiment que ce sont ces modifications qui pourraient contribuer à l’émergence de ces troubles dépressifs et comportements suicidaires. Pour communiquer avec les cellules d’autres régions cérébrales et assurer un fonctionnement optimal dans le cerveau, les signaux électriques utilisés par les neurones doivent parfois franchir de longues distances. C’est pourquoi les axones (prolongement du neurone) sont recouverts d’une gaine de myéline, une enveloppe servant à les protéger et à favoriser la conduction efficace de l’influx nerveux. La formation de la gaine de myéline est progressive, l’accumulation se produisant surtout durant l’enfance avant une maturité au début de l’âge adulte.

Un impact sur plusieurs régions du cerveau

Pour obtenir un portrait plus clair des modifications microscopiques survenues dans le cerveau d'adultes qui ont été victimes de maltraitance durant leur enfance, et grâce à des échantillons de tissu cérébral fournis, les chercheurs ont été en mesure de comparer les échantillons de tissu cérébral de trois groupes de personnes adultes décédées : personnes dépressives s’étant suicidées et qui présentaient des antécédents de maltraitance infantile grave, personnes dépressives s’étant suicidées mais qui ne présentaient pas d’antécédents de maltraitance infantile et personnes décédées qui ne présentaient pas d’antécédents de troubles psychiatriques ni de maltraitance infantile.

Les chercheurs ont découvert que seuls les tissus cérébraux des personnes qui avaient été victimes de maltraitance présentaient un amincissement de la gaine de myéline touchant une proportion significative de fibres nerveuses. Ils ont également observé des altérations affectant des cellules qui participent à la production et à l’entretien de la myéline. Ce qui les a amenés à émettre l’hypothèse selon laquelle ces modifications pourraient entraver le lien fonctionnel entre le cortex cingulaire et les autres régions du cerveau que sont l’amygdale et le noyau accumbens. Des régions respectivement liées à la régulation des émotions et au sentiment de récompense et de satisfaction.

Par ailleurs, ces modifications pourraient également altérer le traitement affectif de l’information chez des personnes qui ont été maltraitées durant l’enfance. « L’adversité en début de vie peut entraîner la détérioration persistante de plusieurs fonctions neuronales dans le cortex cingulaire antérieur », concluent ainsi les chercheurs. Or, bien qu’ils n’aient pas encore établi dans quelle région du cerveau, à quelle phase du développement ni comment ces effets parviennent à affecter la régulation des émotions et l’attachement, ils prévoient de mener d’autres études pour approfondir la question.

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