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La dépendance au smartphone peut créer un déséquilibre dans le cerveau

Publié le par Alexandra Bresson

Les adolescents « accros » à leur téléphone portable ou à Internet seraient plus susceptibles de souffrir de dépression et d'anxiété, en raison d'un déséquilibre chimique dans une zone précise de leur cerveau.

Quand on évoque le mot « addiction », ce terme fait le plus souvent penser à une dépendance à l'alcool, au tabac ou encore aux jeux d'argent et vidéo. Mais avec la généralisation des écrans, il existe aussi une addiction aux smartphones et à Internet, dont les jeunes sont les premières victimes. Des chercheurs du Pew Research Center (Washington) se sont intéressés à cette problématique et ont découvert que les plus dépendants d'entre eux présenteraient un véritable déséquilibre dans la chimie de leur cerveau. Ces scientifiques se sont en effet interrogés sur les effets immédiats sur le cerveau et les conséquences possibles sur le long terme de cette mauvaise habitude.

Les chercheurs ont donc utilisé un examen appelé spectroscopie par résonance magnétique, un type d'IRM qui mesure la composition chimique du cerveau, pour obtenir un aperçu unique du cerveau d'adolescents dépendants des smartphones et d'Internet. L'étude a porté sur 19 jeunes avec un âge moyen de 15,5 ans, diagnostiqués avec ce type d'addiction, et sur 19 personnes témoins en bonne santé. La gravité de leur dépendance a été mesurée grâce à des tests normalisés. En parallèle, douze de ces participants ont bénéficié d'une thérapie cognitivo-comportementale pendant neuf semaines, inspirée d'un programme de thérapie cognitive dont le but est de traiter la dépendance aux jeux vidéo.

Il est possible de limiter les effets

Les questions du test portaient sur la mesure dans laquelle l'utilisation d'Internet et des smartphones influait sur leurs routines quotidiennes, leur vie sociale, leur productivité, leurs habitudes de sommeil et leurs sentiments. « Plus le score est élevé, plus la dépendance est sévère », a déclaré le Dr Hyung Suk Seo, principal auteur de l'étude. Les résultats ont montré que les adolescents les plus « accros » avaient des scores plus élevés en ce qui concerne la dépression, l'anxiété, la sévérité de l'insomnie et l'impulsivité. La spectroscopie par résonance magnétique, réalisée avant et après la thérapie comportementale chez les adolescents dépendants, et une fois chez les patients témoins, a permis de comprendre pourquoi.

Le but de cet examen clinique consistait à mesurer les niveaux d'acide gamma aminobutyrique, ou GABA, un neurotransmetteur qui inhibe ou ralentit les signaux du cerveau, et de glutamate-glutamine (Glx), un neurotransmetteur qui provoque l'excitation électrique des neurones. Les résultats ont révélé que, par rapport aux témoins sains, le rapport entre le GABA et le Glx était significativement augmenté dans une partie précise du cerveau, le cortex cingulaire antérieur, chez les consommateurs en excès de smartphones et d'Internet avant la thérapie. Or, une quantité trop élevée de GABA peut entraîner un certain nombre d'effets secondaires, y compris la somnolence et l'anxiété.

Les chercheurs précisent que plus d'études sont nécessaires pour comprendre les raisons de ce déséquilibre chimique à l'origine de ces troubles, mais ils affirment que ce dernier peut diminuer ou se normaliser significativement après une thérapie cognitivo-comportementale. « Les niveaux accrus de GABA et l'équilibre perturbé entre le GABA et le glutamate dans le cortex cingulaire antérieur peuvent contribuer à notre compréhension de la physiopathologie et du traitement des addictions », conclut le Dr Seo. en France les 18-24 ans consultent leur téléphone environ 50 fois par jour et 77 % des personnes âgées de 18 à 75 ans utilisent un smartphone.

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