Une première. « C’est la première fois qu’un gouvernement utilise le mot 'inceste' dans une campagne, la première fois qu’il parle de ces violences sexuelles au sein de la famille » insiste auprès de l’AFP Charlotte Caubel, secrétaire d’État à l’Enfance. Le gouvernement a dévoilé mardi 12 septembre la campagne nationale de lutte contre l’inceste. La campagne se veut choc, elle doit marquer les esprits. Elle doit aussi alerter et montrer “l’ampleur et la gravité de ces violences”, explique la secrétaire d’État. Si la campagne du gouvernement contre l’inceste met en lumière des chiffres alarmants, elle souhaite aussi apporter « des solutions concrètes en matière de détection et de signalement pour que les victimes ne portent plus seules le lourd secret qui leur est imposé. »
Aucune campagne gouvernementale sur la pédocriminalité n’a été faite depuis 20 ans. Cette campagne sera diffusée, progressivement, à la télévision, les cinémas et les réseaux sociaux ; des affiches seront installées dans les lieux publics.
Inceste : la campagne choc du gouvernement
La première vidéo de la campagne gouvernementale a été diffusée le 12 septembre. Elle met en lumière un chiffre alarmant : toutes les 3 minutes, 1 enfant est victime d’inceste, de viol ou d’agression sexuelle. Dans la vidéo, on découvre une petite fille, assise sur le bord de son lit. Sa voix intérieure dit : “Il m’a dit 'c’est notre petit secret, rien qu’à nous deux'. Il est venu dans ma chambre, il m’a dit qu’on pouvait faire des trucs de grands tous les deux. Ce soir, c’est lui qui vient me garder, je n’ai pas très envie, mais je ne peux pas le dire.” Elle s’adresse ensuite à la caméra : “C’est un secret.”
La vidéo, glaçante, sera diffusée à des heures de grande écoute. Elle doit appeler les adultes à être attentifs aux comportements des agresseurs et des potentiels agresseurs. La secrétaire d’État précise à Ouest-France que des témoignages seront aussi diffusés sur les réseaux sociaux. Elle rappelle que les violences faites aux enfants ont des effets “graves et profonds, sur leur santé, sur le plan psychologique, neurobiologique, physique. Ce sont des traumatismes très lourds qu’ils doivent endurer, avec par exemple une fréquence plus grande des troubles de la croissance, des maladies chroniques, des maladies cardiovasculaires, avec des problématiques alimentaires et de sommeil, un rapport à la sexualité totalement modifié… Il est donc très important d’exprimer les violences subies. Rien n’est anodin.”
Toutes les trois minutes, un enfant est victime de viol, d'inceste ou d'agression sexuelle.⁰Autour de vous, sans le savoir, vous connaissez des enfants victimes, vous connaissez des adultes auteurs. #BrisonsLeSilence, partagez cette campagne et appelez le 119 au moindre doute. pic.twitter.com/DYljC8WhvT
— Charlotte Caubel (@CharlotteCaubel) September 12, 2023
Les chiffres alarmants de l’inceste en France
Chaque année, 160.000 enfants subissent des violences sexuelles en France. Toutes les 3 minutes, 1 enfant est victime d’inceste. L’âge médian des victimes est de 7 ans pour les filles et 8 ans pour les garçons, 1 victime d’inceste sur 4 avait moins de 5 ans au moment des faits. La secrétaire d’État rappelle d’autres chiffres alarmants : “Durant leur enfance, 13 % des femmes et 5,5 % des hommes ont subi des violences sexuelles. Et 4,6 % des femmes et 1,2 % des hommes ont été victimes de violences incestueuses.”
Au moindre doute, contactez le 119, le numéro national d’appel d’urgence, gratuit, confidentiel, au sujet des violences sexuelles.
