Durant trois mois, dix experts — médecins, épidémiologiste, psychologue, professeurs de droit, représentant des enseignants… — ont travaillé sur le bon usage des écrans pour aider les parents. Leur rapport, remis ce mardi 30 avril 2024, préconise notamment l’interdiction des écrans pour les plus jeunes et un accès limité pour les adolescents. Le coprésident de la commission qui a dirigé ces travaux , le psychiatre addictologue Amine Benyamina, a accordé au Parisien une interview dans laquelle il met en garde contre l’hyperconnexion des enfants et les conséquences sur leur santé et leur avenir. Dans un premier temps, l’expert a dévoilé sa méthode de travail afin d’élaborer ses recommandations : « Nous avons réalisé plus de 300 auditions, la moitié était des jeunes, l’autre des experts » explique-t-il, avant de préciser que sa commission « s’est plongée dans la littérature scientifique pour apporter des conclusions fiables et solides. La France est le premier pays au monde à lancer une telle commission ! » se félicite-t-il.
"Il en va de notre avenir, de notre société et même de notre civilisation"
Il entre ensuite dans le vif du sujet et insiste sur le danger de plus en plus prégnant que représente une utilisation excessive des écrans : « Il faut sauver nos enfants ! Il en va de notre avenir, de notre société et même de notre civilisation » s’alarme-t-il. « On ne dit pas aux parents : « Arrêtez tout » mais « Ralentissez ! (...) Nos conclusions sont donc claires : pas d’écran avant 3 ans. Ils sont déconseillés entre 3 et 6 ans ou alors ils doivent être très limités à des vidéos pédagogiques, en présence des parents. Pas de portable avant 11 ans, puis avec Internet à partir de 13 ans. Enfin, il est préférable d’attendre sa majorité pour s’inscrire sur les réseaux sociaux. » détaille-t-il.
Selon lui, les règles à l'école "doivent être repensées"
Le Parisien questionne également le spécialiste sur le rôle que peut jouer l’école, qui n’hésite plus à se servir d’Internet comme passeur de savoirs « (...) Nous proposons au ministère de l’Éducation de faire un usage raisonné des écrans. Il faut éviter les groupes de messageries, les boucles WhatsApp et les consignes, envoyées tard le soir. Les règles doivent être repensées. Il faut aussi former les enseignants. On a besoin d’une culture de la prévention. Elle doit également s’appliquer aux médecins, insuffisamment renseignés. Ils doivent penser à demander aux parents le temps d’écran de leurs enfants. Pourquoi pas l’inscrire aussi dans le carnet de santé. » conclut-il.
