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Hygiène pour bébé : prudence avec le phénoxyéthanol

Publié le par Alexandra Bresson

Le phénoxyéthanol est un agent conservateur utilisé dans divers cosmétiques dont ceux pour jeunes enfants. En 2012, l'Agence nationale du médicament recommandait que ce conservateur ne soit pas utilisé dans les produits destinés au siège des bébés. Six ans plus tard, un nouveau rapport confirme le bien-fondé de cette précaution et met en avant un possible effet indésirable chez les femmes en âge de procréer.

On le trouve dans plusieurs types de cosmétiques, et pourtant sa toxicité fait débat. Le phénoxyéthanol est utilisé comme agent conservateur dans divers produits (crème, lotion, gel, shampooing, dentifrice, démaquillant, lingette…) destinés à l’adulte et à l’enfant. Les études toxicologiques ont montré qu'il est absorbé par voie orale et cutanée, et essentiellement métabolisé par le foie et éliminé par les urines. Il n’est pas irritant pour la peau, ni sensibilisant, mais provoque une irritation oculaire modérée à sévère, sans compter que s'il ne semble pas présenter de potentiel génotoxique, il est suspecté d’être toxique pour la reproduction et sur le développement à fortes doses chez l’animal.

La concentration maximale d’utilisation de cette substance dans les produits cosmétiques est fixée à 1%. Mais en 2012, la Commission de cosmétologie de l’ANSM* a jugé nécessaire de recommander une modification de cette valeur autorisée pour les produits destinés aux enfants de moins de 3 ans, « compte tenu des expositions cumulées ». Les experts ont recommandé de ne plus utiliser de phénoxyéthanol dans les produits cosmétiques destinés au siège ainsi qu'une restriction de la teneur maximale en phénoxyéthanol à 0,4% pour tous les autres produits destinés aux enfants de moins de 3 ans. Six ans plus tard qu'en est-il ? L'ANSM persiste et signe, malgré le désaccord d'experts européens.

Les produits pour le siège et les lingettes sont très utilisés

Depuis, le Comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs (SCCS) a en effet considéré, dans son avis d’octobre 2016, que le phénoxyéthanol utilisé à 1% dans les produits cosmétiques est « sûr pour la santé, quel que soit le groupe d’âge. » Suite à cet avis du SCCS, l’ANSM a constitué son propre comité composé d’un panel d’experts en toxicologie, épidémiologie, expologie, dermatologie et allergologie, ayant pour mission d’évaluer l’opportunité de maintenir les recommandations de 2012. Les conclusions indiquent que ces précautions sont justifiées car les parents utiliseraient quotidiennement cinq produits cosmétiques en moyenne pour leur enfant de 0-3 ans.

Les experts ont pris en compte les produits cosmétiques les plus utilisés : les lingettes, nettoyants pour les cheveux et le corps, laits hydratants pour le corps, eaux lavantes pour le siège et crèmes pour le siège. « Les expositions aux produits cosmétiques des enfants de 0 à 3 ans étant très majoritairement le fait des lingettes et des produits de traitement du siège, la non-utilisation du phénoxyéthanol dans ces types de produits cosmétiques est recommandée », concluent-ils. Ces derniers estiment donc que la recommandation de l'ANSM de non-utilisation du phénoxyéthanol dans les cosmétiques destinés au siège doit être maintenue et même « élargie » aux lingettes pour bébés.

En revanche, « dans tous les autres cosmétiques destinés aux enfants de 3 ans ou moins, la concentration maximale pourrait rester de 1% », ajoutent-ils. Reste que ce nouveau rapport a mis en avant la possibilité que les femmes enceintes ne devraient pas non plus être exposées à une telle concentration. Ayant pris en compte les résultats d'une étude nationale appelée « Pelagie », une étude de cohorte mère-enfant incluant les femmes enceintes, les experts ont constaté un possible lien, à confirmer, entre une concentration du principal métabolite du phénoxyéthanol dans les urines de femmes enceintes recueillies en début de grossesse et un allongement du délai nécessaire à concevoir.

 

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