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Enfants : le port du masque n’entrave pas l’apprentissage du langage, selon des experts

Publié le par Alexandra Bresson

Une revue de littérature menée par une société savante en orthophonie indique que le développement du langage chez les jeunes enfants n'est pas entravé par le port du masque en milieu scolaire. Et si c'est le cas pour une minorité d'entre eux, les orthophonistes sont des professionnels de santé capables de remédier à ce problème. Le détail.

L’obligation du port du masque dans les écoles a soulevé des craintes concernant le développement des enfants, et la reconnaissance des émotions en particulier. Dans ce contexte parfois émotionnel, la dernière revue de littérature menée par l’UNADREO*, la société savante en orthophonie, a publié une revue de littérature dont le but était de comprendre comment les enfants font face à cette situation. Celle-ci, qui s’appuie sur les recherches actuelles, révèle que le port du masque n’entrave pas le développement du langage chez les enfants présentant un neurodéveloppement typique, malgré les inquiétudes. Fort de ce constat, la Fédération Nationale des Orthophonistes et le Collège Français en Orthophonie estiment que le masque n’est pas délétère pour l’apprentissage du langage chez l’enfant.

Dans leur communiqué commun, les organismes mentionnent notamment une très récente étude sur le développement du langage chez le tout-petit. Celle-ci a montré que les enfants de 2 ans sont tout à fait capables de reconnaître des mots courants prononcés avec un masque opaque. « Concernant les enfants d’âge scolaire et l’apprentissage de la lecture, les évaluations nationales à l'école montrent que le port du masque n'a pas été associé à une augmentation du nombre d'élèves en difficultés scolaires, à la différence de la fermeture des écoles lors du confinement. », indiquent-ils. Ces derniers estiment donc que si les craintes des professionnels de la petite enfance doivent être entendues, il est essentiel de s’appuyer sur des données scientifiques pour mesurer l’impact réel du port du masque.

Le port du masque n'a pas augmenté les difficultés scolaires, contrairement à la fermeture des écoles pendant le confinement.

La communication ne passe pas que par la bouche

S'ajoute à cela le fait que si la communication passe en partie par les expressions faciales, elle ne se résume pas à celles-là. Elle est en effet aussi portée par d’autres éléments essentiels qui restent accessibles malgré le port du masque : le contexte, la communication verbale, la prosodie (phénomènes de l'accentuation et de l'intonation), le regard, les gestes. De plus, les organismes soulignent que la communication humaine est caractérisée par sa grande adaptabilité. « Une étude récente a d'ailleurs montré que la généralisation du port du masque entraînait une amélioration de la capacité à identifier les émotions d'autrui à partir du regard. », notent-ils. Reste néanmoins que d’autres recherches sont nécessaires pour déterminer les impacts généraux du port du masque sur les enfants à besoins particuliers.

Le port du masque aide à identifier les émotions d'autrui à partir du regard.

Pour les parents inquiets, la Fédération Nationale des Orthophonistes et le Collège Français en Orthophonie rappellent que les orthophonistes, soit des professionnels du langage et de la communication, savent adapter leurs pratiques et conseiller leurs patients et leur entourage en cas de besoin. Selon eux, « les orthophonistes reçoivent des patients porteurs de troubles du langage et de la communication. Ils doivent en toutes circonstances, aider les patients à surmonter les obstacles à leur communication : le masque en est un pour certains. Il relève bien de l’orthophoniste d’adapter sa pratique au milieu dans lequel les patients évoluent. », Enfin, il convient de se souvenir qu'au quotidien, les enfants sont en contact d’adultes non masqués en dehors des heures de garde ou scolaires.

Les enfants savent reconnaître les émotions de colère, joie et tristesse sur des visages masqués.

Ces moments précis leur permettent alors de bénéficier « d’une exposition pleine et entière aux informations non verbales véhiculées par le visage. » Dans l'hypothèse où le port du masque doit perdurer encore quelque temps dans le milieu scolaire, la FNO rappelle également que le port du masque inclusif (transparents au niveau des lèvres) peut être un élément de réponse, à défaut d’une solution unique. Déjà sur le marché, ces derniers permettent le contact visuel de la bouche et donc la communication des personnes malentendantes ou sourdes avec leurs interlocuteurs. A noter que dans une étude publiée en novembre dernier, des chercheurs suisses en étaient également venus à la conclusion que les enfants savent reconnaître les émotions de colère, joie et tristesse sur des visages masqués. Et ce, grâce à une grande capacité d’adaptation qu’il ne faut pas sous-estimer.

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