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Émotions : apprendre en faisant semblant, les bienfaits pour les enfants

Publié le par Alexandra Bresson

Des chercheurs ont testé un programme basé sur l'approche du « jeu de faire semblant » afin de savoir si celui-ci favorisait le développement des compétences socio-émotionnelles chez des enfants de 5 à 6 ans. L’étude montre que l’usage de ce jeu comme d'un outil pédagogique permet à l’enfant de s’approprier des compétences émotionnelles, avec un effet positif sur son comportement social et sa réussite scolaire.

Lors de leur entrée à l’école, les enfants capables de comprendre leurs propres émotions et celles des autres sont plus susceptibles de les réguler et d’adapter leur comportement. Ces jeunes élèves auraient ainsi moins de problèmes de comportement et seraient plus enclins à gérer leurs relations interpersonnelles. Par ailleurs, être compétent sur le plan social et émotionnel dès le plus jeune âge favorise l’acceptation par les pairs, l’établissement de meilleures relations avec les enseignant(e)s et facilite les apprentissages scolaires. Des chercheurs de l'Université de Genève travaillent actuellement sur un outil pédagogique permettant de stimuler ces compétences : le « jeu de faire semblant. »

« Des recherches ont montré que ces compétences sociales et émotionnelles facilitent également leur capacité à se focaliser sur les apprentissages, et leurs résultats scolaires s’en trouvent améliorés quelques années plus tard », indique le Pr Sylvie Richard, qui a participé à l'étude publiée dans la revue scientifique Bristish Journal of Psychology. L'équipe scientifique a souhaité savoir si le jeu de faire semblant pouvait faire office d'outil pédagogique et ainsi représenter une piste d'apprentissage. « Le jeu de faire semblant est connu pour favoriser la compréhension et la régulation des émotions, ainsi que le comportement prosocial lors des premiers degrés de la scolarité », ajoutent les chercheurs.

En quoi consiste cette approche ?

Mais très peu d’études basées sur des mesures objectives qui intègrent cette méthode existent à ce jour. C’est pourquoi l'équipe de recherche a mis sur pied une étude visant à évaluer les effets d’un programme basé sur le jeu de faire semblant dans cinq classes d’élèves âgés de 5 à 6 ans. Le jeu de faire semblant donne l’occasion aux enfants de faire usage de leur imagination à travers des scénarios qu’ils inventent et des rôles qu'ils interprètent. « Par exemple, ils peuvent incarner un sorcier ou une sorcière qui prépare une potion magique pour endormir un dangereux dragon. L’enfant crée les règles, les ajuste en fonction de son scénario, fait appel à son imagination. », précise la chercheuse.

Pour cette étude, les scientifiques ont élaboré un programme consistant à utiliser cette approche à travers des sessions de jeux associées à des phases d’enseignement plus classiques avec les élèves autour des compétences travaillées. Onze séances d’environ 60 minutes ont ainsi été réalisées par 5 enseignantes, à raison d’une séance par semaine. Les enseignantes étayaient le jeu, au niveau du scénario, des rôles, du langage, de l’utilisation symbolique d’accessoires et du temps de jeu. Elles investissaient également les phases de jeu en proposant des défis aux élèves au niveau de leur jeu, comme jouer à faire semblant d’éprouver une grande joie ou de résoudre un problème interpersonnel.

Une amélioration de la reconnaissance des émotions

Pour ce faire, ces enseignants ont bénéficié de 20 heures de formation sur les compétences socio-émotionnelles et sur les principes du jeu de faire semblant. Afin de pouvoir comparer les progrès des élèves de ces cinq classes, une équipe d’enseignantes et d’élèves contrôle a également fait partie de l’étude. « Il était important que ce groupe contrôle pratique également le jeu de faire semblant, mais pas forcément axé sur des scénarios liés aux compétences socio-émotionnelles », relève la Pr Sylvie Richard. Au total, 79 enfants ont participé à cette recherche et les résultats font état d'une amélioration de la reconnaissance des émotions, particulièrement la colère, chez les enfants du groupe test.

Par ailleurs, ces enfants ont également augmenté leur vocabulaire émotionnel. « Ces résultats suggèrent, d’une part, qu’il est essentiel de concevoir un enseignement qui considère les compétences socio-émotionnelles, à l'instar du jeu de faire semblant, comme des savoirs à enseigner. D’autre part, cette étude montre que l’usage de ce type de jeu comme un outil pédagogique permet à l’enfant d’expérimenter, de réinvestir, d’éprouver et de s’approprier ces compétences », conclut l'équipe scientifique. Compte tenu de son succès, l’étude va se poursuivre à travers un programme qui sera plus étendu et qui prend place actuellement dans le canton du Valais en Suisse.

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