Qu’est-ce qui fait qu’une personne devient droitière ou gauchère ? Est-ce génétique ou hérité de l’environnement à notre plus jeune âge, voire in utero ? Soyons clairs, la science n’a pas encore complètement tranché à ce sujet.
L’hypothèse majoritaire actuellement est celle de la spécialisation hémisphérique du cerveau. Notre cerveau se divise ainsi en deux hémisphères, lesquels ne gèrent pas les mêmes choses. Les droitiers et les gauchers n’auraient ainsi pas la même organisation cérébrale. Mais là encore, ça ne nous explique pas quelle serait la cause de ces différences.
Dans une nouvelle étude, parue le 2 avril dernier dans la revue Nature Communication (Source 1), des chercheurs hollandais rapportent avoir mis en évidence le rôle potentiel d’une famille de protéines, les tubulines, sur l’asymétrie cérébrale. Les tubulines sont des protéines qui s’assemblent en filaments, appelés microtubules, et qui interviennent notamment dans les processus de division cellulaire et dans les mouvements des cellules.
De mouvements de cils à une asymétrie
L’équipe a scruté les données génétiques de quelque 313 271 droitiers et 38 043 gauchers de la banque de données biologiques UK Biobank. Elle a alors trouvé des variants dans le gène d’une tubuline (TUBB4B) qui étaient 2,7 fois plus fréquents chez les gauchers que chez les droitiers.
Dans un article connexe à l’étude (Source 2), les chercheurs expliquent que les microtubules pourraient influencer la main « car ils forment des cils – des saillies ressemblant à des cheveux dans les membranes cellulaires – qui peuvent diriger les flux de fluides de manière asymétrique au cours du développement ». Ces variantes génétiques des tubulines pourraient ainsi donner « des indices sur les mécanismes développementaux de l’asymétrie cérébrale », souligne Clyde Francks, généticien et neuroscientifique à l’Institut Max Planck (Pays Bas), qui a dirigé l’étude.
Le scientifique ajoute que ces découvertes ouvrent la voie à de futurs travaux pour déterminer comment les microtubules peuvent aboutir à une asymétrie cérébrale, conduisant in fine à privilégier une main plutôt qu’une autre.
