Des flambées de rougeole probables en 2021 à la suite de la pandémie de Covid-19

L’épidémie de Covid-19 en 2020 a hélas de nombreuses conséquences indirectes, sur l'économie, mais aussi sur la santé, notamment du fait de la déprogrammation des actes médicaux “non urgents”.

Selon un article scientifique publié le 12 novembre dans le journal “The Lancet”, des flambées de rougeole vont avoir lieu de façon inévitable en 2021, du fait des conséquences indirectes de la pandémie. Car, de nombreux enfants dans le monde n’ont pas été vaccinés, ou n’ont pas reçu le rappel de vaccination. En outre, la pandémie, liée au nouveau coronavirus Sars-CoV-2, a augmenté le phénomène de malnutrition infantile, qui elle-même augmente la gravité de la rougeole et le risque de décès.

“Les mois à venir verront probablement un nombre croissant d'enfants non vaccinés susceptibles de contracter la rougeole. Beaucoup vivent dans des communautés pauvres et éloignées où les systèmes de santé sont moins résilients et où la malnutrition et les carences en vitamine A augmentent déjà”, a ainsi déploré le Pr Kim Mulholland, président du groupe de travail de l’Organisation mondiale de la santé sur la rougeole, et membre du Murdoch Children’s Research Institute, au sein de l’hôpital pour enfants de Melbourne (Australie).

Co-auteur de l’article, le Pr Mulholland a déclaré que la pandémie de Covid-19 avait eu un effet profond sur le contrôle des maladies évitables par la vaccination, les campagnes de vaccination ayant été interrompues au cours des premiers mois de 2020 et les services de vaccination de routine considérablement perturbés dans de nombreux pays.

L'OMS estime ainsi qu'à la fin du mois d'octobre 2020, le retard de campagnes de vaccination ayant eu lieu dans 26 pays ont conduit 94 millions d'enfants à ne pas recevoir les doses prévues de vaccin contre la rougeole.

“Tous ces facteurs créent un environnement propice à de graves épidémies de rougeole en 2021, accompagnées d'une augmentation des taux de mortalité et des graves conséquences de la rougeole qui étaient courantes il y a des décennies”, a ajouté le Pr Mulholland. “Ceci malgré le fait que nous disposons d'un moyen très rentable de prévenir cette maladie grâce à la vaccination”, a-t-il rappelé. Il n'y a en effet à proprement parler pas de traitement curatif de la rougeole : le traitement est symptomatique et consiste à traiter les symptômes, notamment la fièvre. Le meilleur moyen de prévenir la rougeole est de recourir à la vaccination. Car, si l’infection peut être bénigne chez de nombreux enfants, les plus vulnérables peuvent souffrir de graves complications voire en mourir. Ainsi, on se vaccine pour se protéger soi mais aussi pour éradiquer la maladie et éviter qu’elle n’atteigne des personnes vulnérables qui ne peuvent pas se faire vacciner.

Les auteurs de l’article ont identifié trois piliers pour tenter de limiter les futures flambées de rougeole en 2021 :

• aider les pays à contacter les enfants non vaccinés grâce à des campagnes de vaccination et à des campagnes de rattrapage ;
• mieux préparer les pays aux flambées attendues (l’OMS a préparé un plan d’intervention stratégique dans ce sens) ;
• maintenir les objectifs d'élimination de la rougeole et de la rubéole, via un renforcement de la vaccination systématique et de la surveillance des cas.

Source : Eurekalert