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Covid-19 : les enfants produisent différents anticorps en réponse au SRAS-CoV-2

Publié le par Alexandra Bresson

Si les manifestations cliniques de l'infection par le SRAS-CoV-2 chez les enfants sont très souvent distinctes de celles des adultes, une nouvelle étude précise qu'il en va de même en ce qui concerne la réponse immunitaire. Les anticorps produits en cas d'infection seraient en effet différents selon l'âge du patient, voici pourquoi.

Depuis le début de l’épidémie de coronavirus, les enfants apparaissent moins fréquemment et moins sévèrement touchés par la Covid-19, même si un petit nombre d’entre eux développent cependant des formes graves qui, exceptionnellement, entraînent un décès. De cette observation émerge une interrogation : pourquoi les enfants sont-ils, en général, moins affectés par le nouveau coronavirus SARS-CoV-2 ? Des chercheurs de l’université de Columbia (Etats-Unis) pourraient bien avoir la réponse, dans leur étude publiée dans la revue “Nature immunology”. Selon eux, les enfants et adultes produisent différents types et quantités d'anticorps en réponse à l'infection par le virus SARS-CoV-2.

Une découverte qui pourrait bien expliquer pourquoi les enfants malades de la COVID-19 supportent bien le virus, tandis que le système immunitaire des personnes plus âgées lutte. « C'est une nouvelle infection pour tout le monde, mais les enfants sont particulièrement adaptés pour voir les agents pathogènes pour la première fois. », expliquent les chercheurs. « C'est ce pour quoi leur système immunitaire est conçu. Ils ont beaucoup de cellules T naïves capables de reconnaître de nouveaux agents pathogènes, alors que les personnes âgées dépendent davantage de nos mémoires immunologiques. Nous ne sommes pas aussi capables de répondre à un nouvel agent pathogène que les enfants. »

Les enfants moins touchés par le SRAS-CoV-2

Ces derniers se sont intéressés à la génération d'anticorps spécifiques contre le virus pour neutraliser ou bloquer l'infection. Et plus précisément à leur spécificité, leur fonctionnalité et leur capacité de protection chez des patients adultes et enfants dans plusieurs hôpitaux américains au plus fort de la pandémie, de mars à juin 2020. Parmi les 47 enfants de l'étude, 16 ont été hospitalisés au Columbia University Irving Medical Center pour un syndrome inflammatoire multisystémique (MIS-C), une complication rare de la COVID-19 chez l’enfant et exceptionnelle chez l’adulte, et 31 enfants d'âges similaires ont été testés positifs pour le virus après avoir visité le centre médical pour le traitement d'autres pathologies.

Le syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique lié à SARS-CoV-2 est une affection qui se manifeste par une défaillance cardiaque et qui partage quelques signes avec la maladie de Kawasaki. Les chercheurs ont constaté que la moitié des enfants sans MIS-C n'avaient aucun symptôme de COVID-19, tandis que pour les 32 adultes de l'étude, leur état allait de « grave » avec hospitalisation à « léger » avec un rétablissement à domicile. L'étude a révélé que les deux groupes d'enfants ont produit le même profil d'anticorps, qui différait de celui des adultes : par rapport aux adultes, ils ont produit moins d'anticorps contre la protéine clé utilisée par le virus pour infecter les cellules humaines. 

Les enfants produisent moins d'anticorps neutralisants contre le virus

Par ailleurs, les anticorps des enfants avaient une activité moins neutralisante, tandis que tous les adultes, y compris ceux dans la vingtaine, produisaient des anticorps neutralisants notamment les gravement malades. Enfin, contrairement aux adultes, les enfants ont également produit très peu d'anticorps contre une protéine virale qui n'est visible par le système immunitaire qu'une fois que le virus ait infecté les cellules humaines. « Cela suggère que chez les enfants, l'infection ne se propage pas beaucoup. Parce que les enfants éliminent rapidement le virus de manière naturelle, ils n'ont pas d'infection généralisée et ils n'ont pas besoin d'une forte réponse avec des anticorps. », soulignent les chercheurs.

Cette spécificité les conduit à émettre l'hypothèse que les enfants seraient « contaminants » sur une période plus courte que les adultes, et donc moins susceptibles de propager le virus. « Des études actuelles dans d'autres pays indiquent que les jeunes enfants d'âge scolaire ne sont pas des vecteurs du virus, nos données sont donc cohérentes avec ces résultats. », indiquent les chercheurs. Mais d'autres études dans ce domaine sont nécessaires car bien que les résultats suggèrent que l'évolution de l'infection chez les enfants est différente, « on ne sait toujours pas comment les enfants sont capables d'éliminer le virus plus facilement, et ce qui manque au système immunitaire adulte. », notent-ils.

Enfin, bien que leurs résultats suggèrent que l'évolution de l'infection diffère chez les enfants et les adultes, les chercheurs estiment que les enfants n'auront pas une réponse moins efficace vis-vis du ou des vaccins en cours de développement contre le SRAS-CoV-2. « Même si les enfants ne produisent pas d'anticorps neutralisants en réponse à une infection naturelle par le SRAS-CoV-2, les vaccins sont conçus pour générer une réponse immunitaire protectrice en l'absence d'infection. Les enfants réagissent très bien aux vaccins et je pense qu'ils développeront de bonnes réponses en anticorps neutralisants, et ils seront même probablement mieux protégés que les adultes. », concluent-ils.

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