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Covid-19 : “De l’enfant roi à l’enfant coi”, la tribune poignante d’une pédopsychiatre et d’un psychanalyste

Publié le par Hélène Bour

Dans un texte poignant, une pédopsychiatre et un psychologue-psychanalyste dressent le tableau de ce que l’on impose aux enfants dans le cadre de la pandémie actuelle. Des mots qui font réfléchir.

A l’heure de la distanciation physique, parfois jusque dans les cours de récré, du port du masque généralisé et du gel hydroalcoolique à gogo, la question se pose quant aux conséquences de toutes ces règles sanitaires strictes sur nos enfants. Des psychologues s’inquiétaient déjà, début mai, des conséquences du port du masque chez les adultes sur les jeunes enfants qu’ils encadrent, en crèche ou ailleurs.

Dans une tribune percutante, publiée par nos confrères de Libération, Sandrine Jallade, pédopsychiatre, psychanalyste et Armêl Mattmann-Jacques, psychologue, psychanalyste, évoquent l’observance du protocole sanitaire par les enfants.

Intitulé “De l’enfant roi à l’enfant coi”, ce texte débute par un rappel de ce qu’est (ou ce qu’était?) une cour de récréation. On y crie, on y court, on s’y fâche, on y rit, on y pleure aussi, bref, on y vit. “L’espace-temps de la récréation : celui où se donne la possibilité pour les enfants d’éprouver les lois dictées par les adultes. Les éprouver, avec leur corps, dans le vif des liens avec leurs pairs, dans un espace-temps bordé par les adultes présents. Une affaire rudement bien pensée, et éprouvée, elle aussi, depuis longtemps”, écrivent les deux spécialistes.

Ceux-ci déplorent cependant un changement depuis la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19. “On a pu voir depuis mai, quantité de tableaux loufoques, pour ne pas dire affligeants, occasionnés par le respect scrupuleux des protocoles sanitaires émanant des instances dirigeantes du pays : des cours de récréation balisées, chaque groupe étant sommé de rester dans le petit espace qui lui était réservé - quand ce n’est pas chaque enfant qui est tenu de rester dans son cerceau ; l’interdiction de se toucher et de se transmettre quelconque objet - avouez que le champ des possibles pour jouer se rétrécit considérablement, tout autant qu’il s’agit là, d’une injonction agissant directement sur leur corps”, écrivent Sandrine Jallade , et Armêl Mattmann-Jacques.

Déplorant que l’option soit désormais de “brasser ou non les enfants” comme de vulgaires yaourts, les deux psychanalystes admettent que les enfants s’habituent bien à ces nouvelles règles, et prennent ainsi l’habitude de ne plus voir les visages, de rester à distance ou encore de parfois, être mal ou plus entendus. Les enfants prennent ainsi l’habitude de choses et de situations qui ne sont pas naturelles pour eux, notamment “d’être repliés avec leurs parents, quand le mouvement même de la vie serait de les accompagner à quitter le nid”, ou de se réfugier vers les écrans. “Ils prennent l’habitude de grandir dans un monde où l’extérieur, et les autres, sont potentiellement dangereux - virus, terrorisme”, écrivent encore les spécialistes, déplorant qu’une vidéo de sensibilisation aux dangers du coronavirus ait mis en images des enfants ayant potentiellement contaminé leur grand-mère lors d’une fête d’anniversaire.

Rappelant que les enfants “se plient bien souvent inconditionnellement à la demande des adultes, même la plus insensée, même la plus violente”, les deux psychanalystes font état d’enfants “cois”, bien loin de la cour de récréation bruyante. On vous invite vivement à aller lire cette tribune dans son intégralité sur le site de Libération.

Source : Libération 

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