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Coronavirus : une école allemande trouve une solution insolite pour améliorer la ventilation

Publié le par Alexandra Bresson

Parmi les gestes barrières à adopter au quotidien en cette période de pandémie, il est recommandé d'aérer très régulièrement les espaces intérieurs pour limiter la charge virale présente dans l'air. En Allemagne, cette consigne s'applique notamment dans les salles de classe. Pour que la ventilation y soit aussi bonne que possible, un scientifique a eu l'idée de bricoler un système simple mais efficace pour aspirer les aérosols.

C'est l'une des dernières recommandations évoquées pour limiter l’aérosolisation de la Covid-19 et ainsi éviter tout risque de contamination : assurer un renouvellement régulier de l’air dans tous les espaces clos, au moyen d’une aération (ouverture des fenêtres…) et/ou d’une ventilation naturelle ou mécanique. Un geste qui permet d’apporter de l’air "neuf" venant de l’extérieur et d’évacuer l’air ayant séjourné à l’intérieur vers l’extérieur. Selon une recommandation du Directeur général de la Santé Jérôme Salomon, il faudrait ainsi veiller à aérer les pièces trois fois par jour. Mais garder ses fenêtres ouvertes pour lutter contre la COVID-19 est plus facile à dire qu'à faire en pleine saison hivernale.

L'école allemande IGS Mainz Bretzenheim pense avoir trouvé une solution simple et bon marché pour remédier à ce problème, un système de ventilation de bricolage conçu par le mari scientifique d'une enseignante. « Cela fonctionne comme une hotte de cuisine. », explique Frank Helleis, l'inventeur en question. Au-dessus de chaque bureau est suspendue une parabole en plastique attachée à un tuyau étroit, tous les tuyaux étant à leur tour reliés à un tuyau plus large menant à un ventilateur qui dirige l'air à l'extérieur via une fenêtre inclinée. Ainsi, l'air chaud expiré par les élèves au-dessus de leur tête et pouvant contenir des particules chargées de virus appelées “aérosols” est aspiré.

« Mettre les saletés dehors »

L’air potentiellement chargé de virus est donc capté et entraîné à l'extérieur par le système avant de pouvoir se propager dans la pièce, tandis qu'une autre fenêtre est maintenue entrouverte pour laisser entrer de l'air frais. Des tests réalisés par l'Institut Max Planck de Chimie, où travaille Frank Helleis, ont montré que l'invention élimine plus de 90% des aérosols de la pièce, avec une efficacité similaire à celle des unités de filtration d'air les plus performants du marché. La différence est que ce système peut être construit à partir de matériaux issus d'un magasin de bricolage, pour 200 euros. Des bénévoles l'ont assemblé en une demi-journée et les instructions de montage ont été partagées gratuitement en ligne par l'Institut Max Planck.

Une innovation qui arrive à point nommé alors que le nombre de cas de Covid-19 en Allemagne a augmenté à un rythme alarmant, et que l'aération régulière des salles de classe est considérée comme essentielle pour pouvoir garder les écoles ouvertes, quel que soit le temps qu'il fait à l'extérieur. Frank Helleis affirme avoir déjà reçu près de 3 000 demandes d'information sur son système et s'attend à ce qu'il soit déployé dans de nombreuses autres écoles. L'inspiration est venue d'un brainstorming avec ses collègues sur la manière dont ils pourraient contribuer pendant la pandémie. « Nous avons pensé que la meilleure chose qu'on pouvait faire, c'est mettre les saletés dehors. », ajoute-t-il.

Un système D plus efficace que les meilleurs produits sur le marché ?

Parce que sa femme enseigne à l'IGS Mainz-Bretzenheim, il a pu contacter son directeur qui a immédiatement donné son accord. Sa découverte permet par ailleurs de répondre à une problématique qui peut concerner des écoles allemandes, à savoir que selon leur architecture, certaines n'ont pas de fenêtres qui s'ouvrent complètement pour renouveler l'air correctement. Dans le système fédéral allemand, la responsabilité des écoles incombe à chacun des 16 États du pays, et à ce jour, seuls six ont promis un financement pour résoudre les problèmes d'aération. L'autre option consiste à se procurer des purificateurs d'air portables, mais il s'agit d'une solution complexe et coûteuse.

« Les purificateurs d'air portables équipés de filtres à haute efficacité peuvent être utiles dans les écoles, mais ils sont plus chers, plus bruyants et plus énergivores que mon prototype. », atteste ainsi Frank Helleis. Par ailleurs, ces derniers n'éliminent pas non plus le CO2 (dioxyde de carbone) de la pièce, bien qu'il puisse causer de la fatigue et des maux de tête, donnant à l'école une raison de conserver son système de ventilation maison, même après la pandémie. Son directeur prévoit de passer les prochaines semaines à l'installer dans toutes les salles de classe, avec l'aide de parents, d'enseignants et d'élèves. A noter que ces derniers sont néanmoins tenus de toujours porter un masque.

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