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Coronavirus : les enfants seraient en réalité peu contaminés et peu contaminants

Publié le par Alexandra Bresson

Une étude menée en France par des pédiatres indique que les enfants ne seraient pas des « super-contaminateurs » du coronavirus, comme décrits dans de précédents travaux scientifiques au début de la crise sanitaire. Cette conclusion se base sur des tests de dépistage réalisés sur un panel d'enfants de moins de 15 ans et peut s'expliquer par plusieurs hypothèses.

C'est une question qui demeurait en suspens depuis le début de l'épidémie de coronavirus : les enfants sont-ils oui ou non d'importants vecteurs de la maladie ? En effet, ces derniers semblent moins souvent et moins sévèrement touchés que les adultes, ce qui rend par ailleurs l’acquisition des connaissances relatives au Covid-19 chez cette population difficile. Mais une étude menée en France par le Pr Robert Cohen, vice-président de la Société française de pédiatrie, relayée dans les colonnes du journal “Le Monde”, apporte un élément de réponse clair et précis : les enfants (jusqu'à l'âge de 15 ans) seraient moins contagieux que les adultes et seraient ainsi de touts petits contaminateurs.

Le journal explique que l'étude, prépubliée sur le site MedRxiv, a été réalisée auprès de 605 enfants habitant en région parisienne, l'une des plus touchées par l'épidémie. Ces derniers ont bénéficié de tests de dépistage réalisés par des pédiatres du 14 avril au 12 mai, et les résultats ont montré que parmi eux, 322 (53,2%) étaient asymptomatiques et 283 (46,8%) présentaient des symptômes légers (fièvre, toux, pharyngite, rhinite, diarrhée, perte de goût…). Mais le principal enseignement de ces travaux est que très peu d’enfants (11, soit 1,8%) ont eu un test PCR positif, tandis que 65 jeunes patients (10,7%) ont eu un test sérologique, qui détecte la présence d’anticorps dans le sang, positif.

Immunité « croisée » ou « entraînée », deux hypothèses à creuser

L'étude précise par ailleurs, toujours selon “Le Monde”, que « pour les enfants ayant eu des tests PCR positifs, le contact avec une personne infectée par le SARS-CoV-2 était le seul facteur de risque significatif d’infection, et parmi les 65 enfants avec une sérologie positive, 87,3% ont eu un contact confirmé ou suspecté, généralement un adulte de la famille. » Les chercheurs en ont donc conclu que les enfants semblent être moins fréquemment infectés par le SARS-CoV-2 et potentiellement moins contagieux que les adultes : ce seraient les adultes qui leur transmettraient le virus et non l'inverse. “Le Parisien” a quant à lui questionné le Pr Robert Cohen pour comprendre les raisons de cette particularité.

Ce dernier évoque comme première hypothèse l'idée que les enfants semblent avoir moins de récepteurs du virus sur leurs muqueuses nasales. Leur plus grande protection face à ce coronavirus pourrait aussi s'expliquer par le fait qu'ils ont déjà attrapé d'autres coronavirus : c'est l'immunité croisée, une thèse qui a pris de l'ampleur ces dernières semaines dans la communauté scientifique. « Autre hypothèse : ils ont toujours le nez qui coule et seraient donc plus résistants aux infections. C'est comme s'ils avaient eu un entraînement. (...) Plus anecdotique, on se demande si leur petite taille n'est pas un atout : on ne reçoit pas leurs postillons en pleine figure. », explique le spécialiste au quotidien.

Quid du retour à l'école ?

Ces résultats ont leur importance puisque, indirectement, la recherche chez l’enfant permet des avancées chez l’adulte : en comprenant ce qui différencie le comportement du virus ou la réponse de l’organisme selon l’âge, il sera possible d’identifier des mécanismes à cibler. Surtout, le Pr Cohen estime qu'ils permettent de trancher sur une question qui a beaucoup fait débat, celle du retour à l'école. Si leur fermeture était justifiée, celui-ci dit regretter les conditions de leur réouverture après le 11 mai, avec un protocole sanitaire jugé « inapplicable ». « Il faut accélérer le retour en classe. Le vrai problème est qu'ils n'y aillent pas. Seuls 11 % sont aujourd'hui accueillis. », indique-t-il.

Comment alors trouver un juste milieu pour les protéger du virus sans les isoler ? Outre renforcer le lavage des mains, le pédiatre souligne que si « tous les écoliers ne doivent pas être en même temps dans la cour de récréation, il faut que les enfants d'une même classe jouent à nouveau ensemble. Les règles doivent être moins strictes que pour les adultes, puisqu'on sait qu'ils sont moins contagieux. » Autre bonne nouvelle, ce dernier affirme par conséquent que les grands-parents pourraient de nouveau les garder, à condition de ne pas être trop nombreux dans le salon et de limiter les câlins. « Les enfants sont moins dangereux pour leurs grands-parents que leurs parents eux-mêmes. », conclut-il.

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