Bientôt ou déjà parents, on vous accompagne !

C'est prouvé : les bébés peuvent faire preuve d'altruisme

Publié le par Alexandra Bresson

Une étude menée pour tester la capacité des nourrissons à se montrer spontanément altruistes a démontré que la plupart sont prêts à renoncer à la nourriture et à aider les autres même lorsqu'ils ont faim.

L'altruisme se définit comme le souci désintéressé du bien d'autrui. Une qualité très recherchée qui pourrait faire son apparition dès la petite enfance comme le révèlent des chercheurs de l'université de Washington. Ces derniers sont partis du constat que les adultes peuvent aider les personnes qui ont faim, que ce soit par le biais de banques alimentaires ou de collectes de fonds, ou simplement en remettant leur déjeuner. Mais quand et comment débute cet esprit de générosité ? Leur étude publiée dans Scientific Reports a porté sur près de 100 enfants âgés de 19 mois, et a permis de découvrir que les enfants, même lorsqu'ils avaient faim, donnaient leur collation à un étranger dans le besoin.

Ces résultats montrent non seulement que les nourrissons adoptent un comportement altruiste, mais suggèrent également que les premières expériences sociales peuvent façonner cette qualité. « Nous pensons que l'altruisme est important à étudier parce qu'il est l'un des aspects les plus distinctifs de l'être humain. C'est une partie importante du tissu moral de la société. », explique dans un communiqué le Pr Rodolfo Cortes Barragan, auteur principal de l'étude. « Nous, les adultes, nous nous aidons les uns les autres lorsque nous en voyons un autre dans le besoin et nous le faisons même s'il y a un coût pour nous-mêmes. Nous avons donc testé les racines de cela chez les nourrissons. »

La plupart des enfants acceptent de donner leur collation

Les chercheurs ont voulu savoir si les nourrissons étaient capables d'agir au-delà de leur propre intérêt, face à l'un des besoins biologiques les plus fondamentaux : la nourriture. Pour cela, les chercheurs ont choisi des fruits adaptés aux enfants et ont mis en place une interaction entre l'enfant et le chercheur. Le but: déterminer si l'enfant donnerait spontanément un aliment attrayant à une personne inconnue, sans encouragement ou instruction verbale. Dans l'expérience, l'enfant et le chercheur se sont fait face à travers une table et le chercheur a montré à l'enfant un morceau de fruit. Ce qui s'est passé ensuite a été déterminé selon que l'enfant faisait partie du groupe témoin ou du groupe test.

Dans le groupe témoin les chercheurs ont juste jeté un fruit sur un plateau où ils ne pouvaient pas l'atteindre, mais où l'enfant le pouvait. En revanche, les chercheurs du groupe test ont feint de laisser tomber le fruit sur le plateau puis d'essayer de les saisir sans succès. Dans le groupe témoin, seulement 4% des enfants ont récupéré le fruit et l'ont donné aux chercheurs, contre 58% dans le groupe test. Dans une deuxième série d'expériences menée avec un échantillon différent d'enfants, il a été demandé aux parents d'amener leur enfant juste avant l'heure de la collation, lorsqu'il avait probablement faim. Le but : tester la capacité de chaque enfant à donner sa collation même si cela leur « coûte ».

« Cela pourrait conduire à une société plus solidaire »

Les scénarios ont été répétés, mais avec des enfants qui étaient maintenant plus motivés à prendre les fruits pour eux-mêmes. Les résultats reflètent ceux de l'étude précédente, à savoir qu'au total, 37% du groupe test ont offert les fruits au chercheur alors qu'aucun des enfants du groupe témoin ne l'a fait. « Les nourrissons de cette deuxième étude ont regardé le fruit avec envie, puis ils l'ont donné ! Nous pensons que c'est une sorte d'altruisme version bébé. », ajoutent les chercheurs. Ces derniers ont découvert que les nourrissons ont voulu aider aussi bien lors du tout premier essai de l'expérience que lors des essais ultérieurs, ce qui montre qu'ils n'ont pas eu à apprendre à avoir ce geste spontané d’aide.

Enfin, les chercheurs ont aussi constaté que les enfants ayant des frères et sœurs et issus de certains milieux culturels étaient particulièrement susceptibles d'aider l'adulte, ce qui indique que l'expression de l'altruisme infantile est malléable. Des résultats qui cadrent bien avec des études antérieures menées auprès d'adultes ayant démontré l'influence positive d'avoir un contexte culturel qui met l'accent sur «l' interdépendance ». « Nous pensons que certaines expériences familiales et sociales font une différence, et une étude serait souhaitable pour comprendre ce qui maximise l'expression de l'altruisme chez les jeunes enfants. Cela pourrait conduire à une société plus solidaire. », concluent les auteurs.