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Ce que les programmes télé et dessins animés pour enfants leur apprennent de mauvais sur la douleur

Publié le par Hélène Bour

Les programmes TV et films d’animation pour enfants véhiculeraient de mauvaises valeurs quant à la douleur, selon une nouvelle étude qui a passé au crible 10 films familiaux parus depuis 2009. Les résultats en détail.

“Peppa Pig”, “Toy Story”, “La Reine des neiges”... Sont autant de films d’animation et dessins animés adorés par nombre de jeunes enfants. S’ils véhiculent généralement de bonnes valeurs (amitié, partage, amour, courage…), ça ne serait pas vraiment le cas pour ce qui est de la douleur.

Selon une nouvelle étude publiée ce 2 décembre dans la revue spécialisée “Pain” (“douleur” en anglais), le traitement qui est fait de la douleur dans plusieurs dessins animés et programme télé pour enfants serait particulièrement regrettable. La façon dont la douleur est traitée véhiculerait de mauvaises valeurs aux enfants à ce sujet.

Les chercheurs de l’Université de Bath (Royaume-Uni) et de Calgary (Canada) ont ici passé au peigne fin la manière dont les expériences de douleur de personnages était représentée dans différents supports destinés à des enfants de 4 à 6 ans. Ils ont également observé la façon dont les autres protagonistes réagissaient à cette douleur.

Dans le détail, l’analyse a porté sur 10 films d’animation dits “familiaux” sortis à partir de 2009 : “Moi, moche et méchant 2”, “Comme des bêtes”, “Toy Story” 3 et 4, “Les indestructibles 2”, “Vice-Versa”, “Zootopie”, “Là-haut”, “La Reine des neiges”, “Le monde de Dory”. L’équipe a également analysé le traitement de la douleur dans les programmes télé suivants : “Princesse Sofia”, "Shimmer & Shine”, “Paw Patrol, la Pat'Patrouille”, “Les Octonauts”, “Peppa Pig”, “Le Village de Dany”.

Sur les 10 films et les six séries télévisées ci-dessus (équivalent à plus de 52 heures de cinéma/télévision), les chercheurs ont fait les constats suivants :

● 454 incidents douloureux ont été recensés - soit une moyenne de 8,66 incidents douloureux par heure ;

● La douleur ou la blessure violente est le type de douleur le plus souvent décrit (survenant dans plus des deux tiers des cas - 79%) ;

● Les personnages de garçon sont beaucoup plus susceptibles de ressentir une douleur intense par rapport aux personnages de fille (selon les expressions faciales) ;

● Les exemples de douleur liée à un accident du quotidien (exemple : un personnage tombant ou se cognant le genou), étant beaucoup moins fréquents que les autres, et ne sont représentés que dans 20% des incidents ;

● Un manque général d'empathie des autres personnages pour répondre à la douleur a été constaté : 75% des cas douloureux ont été vus par d'autres protagonistes, mais dans 41% des cas, ceux qui en ont été témoins n'ont pas réagi ou lorsqu'ils l'ont fait, ils n'étaient généralement pas empathiques.

Une étude qui appelle à repenser le traitement de la douleur dans les programmes pour enfants

Etant donné que ce que les enfants regardent à la télévision façonne forcément un peu leur comportement, les chercheurs estiment qu’il serait bon que les réalisateurs de dessins animés repensent la façon dont ils abordent le thème de la douleur.

Evoquant des résultats “franchement choquants”, la Dr Melanie Noel, auteure principale de l’étude, estime que “la manière dont la douleur est dépeinte de manière irréaliste enseigne aux jeunes enfants que la douleur ne mérite pas l'aide ou l'empathie des autres, et qu'elle sera vécue et traitée différemment si vous êtes un garçon ou une fille. Nous avons la responsabilité de changer ces récits sociétaux sur la douleur”.

“L'image présentée par ces médias ne reflète pas les expériences communes des enfants, mais se concentre davantage sur la douleur extrême et violente”, regrette le Dr Abbie Jordan, co-auteur de l’étude. “Ces programmes pourraient faire beaucoup plus pour aider les enfants à comprendre la douleur en la modélisant de différentes manières et surtout en faisant preuve de plus d'empathie lorsque les personnages ressentent de la douleur. C'est important pour la façon dont les enfants interagissent avec les autres lorsque l'un d'eux ressent de la douleur, comme quand un ami tombe dans la cour de récréation ou quand il se rend chez le médecin pour des vaccinations de routine”, a ajouté le chercheur.

En attendant que le monde de l’animation pour enfant évolue en la matière, on ne saurait que conseiller aux parents de pallier le mauvais traitement de la douleur des films d’animations en discutant du sujet avec son enfant dès que l’occasion se présente.

Source : MedicalXpress

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