Nous sommes le 15 janvier 2024. Charles Bordais, 44 ans, vient de rentrer chez lui avec sa fille, Swan, 8 ans, qu’il avait récupéré à l’école. « Je fais prendre le goûter à ma fille et je sens cette douleur dans le bras, l'épaule, des fourmis » se souvient-il auprès de France Bleu Armoric. Ce pianiste de profession prend alors conscience qu’il fait une crise cardiaque. Il poursuit : « Je prends le téléphone fixe de la maison et je compose le 115. J'essaie de donner mon adresse et je fais signe à Soane de prendre le relais. La suite, je ne m'en souviens pas ». La fillette tombe alors sur Sophie Doledec, assistante de régulation médicale, qui prend en charge l'appel depuis les Urgences l'hôpital Yves Le Foll à Saint-Brieuc.
"Allez, bouge papa, allez, allez, allez..."
Pour France Bleu toujours, cette dernière se souvient de l’incroyable sang-froid de l’enfant : « Je lui demande s’il respire. Elle me dit oui. Donc je lui demande de poser le téléphone sur la bouche de son papa. Non pas que je n’ai pas confiance mais pour entendre le genre de respiration. Je l’entends et je lui demande dans quelle position il est parce qu’il est important de le mettre sur le côté assez rapidement. Donc elle a essayé et réussi (...) Je l’entends dire à son papa ‘allez, bouge papa, allez, allez, allez... : (...) Toute la salle est en ébullition, on avait déjà envoyé tous les secours ». Soane prend alors conscience que son papa est en grave danger.
L’assistante de régulation médicale continue son récit : « Puis elle demande, ‘est-ce que je vais sauver son papa ?’ (...) Et c’est là qu’elle me dit : « Mais tu sais...Crapouille... ». J’ai dit mais c’est qui Crapouille ? » La fillette lui répond alors : « C’ est mon chat, papa il m’a dit... Pour expliquer la mort du chat, je pense que le papa lui avait dit il y a des gens qui vivent, qui meurent et puis c’est la vie. » Malgré la situation désespérée, la fillette prend son courage à deux mains et fait tout pour réveiller son père. « Elle l’appelait, elle lui parlait, elle lui disait de se battre : ‘Bats-toi papa, bats toi’. Elle y allait et elle insistait» se remémore Sophie Doledec.
Le papa sain et sauf
Au même moment, à 600 mètres de là, Philippe Le Du, inscrit sur SauvLife, une application qui rassemble des sauveteurs volontaires, reçoit un SMS sur son portable et court voler au secours du père « J'étais sur place en deux, trois minutes, je suis arrivé juste après les gendarmes », se souvient-il auprès de France Bleu. Finalement, grâce notamment à l’arrivée d’une équipe du SMUR, le papa est tiré d’affaire et se porte à merveille. Il a d’ailleurs rencontré ce 14 mars, deux mois après son infarctus, tous ses sauveurs, à l'hôpital de Saint-Brieuc.
