Une étude réalisée par Yann Algan, professeur d’économie à HEC et par l’Université de Montréal, Canada, montre l’importance de former les enfants à l’empathie. Cette capacité à ressentir les émotions de quelqu’un d’autre, à se mettre à la place d’autrui, comme le définit le dictionnaire Le Robert, a d’énormes répercussions positives dans la vie adulte.
Plus de chances de faire des études
L’étude a duré une trentaine d’années et ses résultats viennent de paraître dans l’American Economic Review. Elle a étudié le comportement de plusieurs centaines de petits garçons âgés de 7 à 9 ans. Ces derniers ont été divisés en deux groupes : un premier groupe qui a bénéficié d’un accompagnement basé sur l’apprentissage des compétences sociales et la maîtrise de soi avec des jeux de rôle destinés à favoriser l’empathie et la socialisation ; un second groupe où, en cas de problème, les élèves étaient sortis de la classe et laissés dans le couloir ou envoyés chez le directeur.
A la fin de l’étude, on s’est aperçu que ceux formés à l’empathie avaient 30 % de chances supplémentaires de faire des études supérieures et, qu’ensuite, leur salaire moyen était supérieur de 20 % par rapport au second groupe. Et enfin, ils sont 20 % de moins à avoir un casier judiciaire.
Des progrès à faire en France
Interviewé par nos confrères du Point, le Pr Yann Algan, économiste spécialiste de l’éducation, explique : « On a tout intérêt à développer cela dans l'Hexagone (...). On peut augmenter le nombre d’heures de cours ou dédoubler les classes, si l’on ne travaille pas sur cet aspect-là, qui sous-entend notamment des questions de persévérance et de confiance en soi, il sera difficile de faire progresser ces enfants (…). Les compétences en termes de coopération et de résolution collective d’un problème placent la France en dernière position des pays de l’OCDE. » Beaucoup de progrès à faire, donc !