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Accueil en crèche : il améliore le développement du langage chez bébé

Publié le par Alexandra Bresson

Une étude de l'Ined basée sur une cohorte d'enfants révèle que la crèche est un mode de garde ayant un impact positif sur les compétences langagières, et que l'effet est particulièrement marqué chez les enfants issus de familles défavorisées.

La petite enfance est une étape cruciale du développement du cerveau et de la formation des structures et des mécanismes qui façonnent le bien-être cognitif, physique, social et émotionnel tout au long de la vie. En outre, des soins de qualité dès la petite enfance peuvent avoir des effets directs et indirects sur le développement de l’enfant. A partir des données de l’enquête Elfe (Étude Longitudinale Française depuis l’Enfance), des chercheurs de l'Ined* ont souhaité étudier l’impact de la crèche en matière de langage, de motricité et de comportement, sachant qu'en France près d’un enfant sur cinq de moins de trois ans est accueilli en crèche selon l’Observatoire national de la petite enfance.

L’étude Elfe est la première étude scientifique nationale consacrée au suivi régulier de 18 000 enfants, de la naissance à l’âge adulte. Son but : mieux comprendre comment l’environnement, l’entourage familial, les conditions de vie, ou encore les modes de garde peuvent influencer leur développement, leur santé et leur socialisation. « En France, les crèches sont très appréciées par les familles en raison de la qualification du personnel, des conditions de garde et de l’idée selon laquelle elles préparent bien à la transition vers l’école maternelle. Il s'agit de la deuxième forme de garde d’enfants formelle la plus répandue derrière les assistantes maternelles. », expliquent les chercheurs.

Un effet positif net sur l’acquisition du langage

Pour évaluer le langage, ces derniers ont utilisé le MacArthur-Bates Inventory qui mesure le volume et la variété du vocabulaire acquis. Cet indicateur compte le nombre de mots dits de manière spontanée par l’enfant parmi une liste de 100 proposés. Les résultats ont montré que les enfants qui fréquentent une crèche obtiennent en moyenne de meilleurs résultats à cette évaluation linguistique. C'est notamment le cas pour les enfants les moins favorisés, en particulier ceux dont les mères ont un faible niveau d’étude, sont immigrantes et ceux des ménages à faible revenu. Suivent ensuite les enfants pris en charge par une nounou privée, et les enfants pris en charge par une assistante maternelle.  

« Les enfants qui fréquentent une crèche obtiennent en moyenne de meilleurs résultats en évaluation linguistique. C'est notamment le cas pour les enfants les moins favorisés. »

A l'inverse, les enfants pris en charge par les parents présentent les plus faibles compétences linguistiques. En détail, il s'avère que les enfants qui fréquentent la crèche sont capables de dire en moyenne 80 mots, ce qui représente 6 mots de plus que la moyenne, et 12 mots de plus que ceux gardés à la maison par les parents. Comment expliquer cet effet bénéfique ? L'équipe scientifique a sa théorie, à savoir que « le contact de l’enfant avec des professionnels de la petite enfance, qui peuvent proposer des activités éducatives adaptées à l’âge de l’enfant, ainsi que le contact avec d’autres enfants pourraient être une source d’enrichissement du vocabulaire. » Et ce peu importe le milieu social.

Motricité et comportement : des effets moins marqués

Concernant la motricité l'étude montre que les enfants qui fréquentent une crèche ont des capacités motrices un peu supérieures à ceux de toutes les autres formes de garde. « Les écarts sont également plus fortement marqués chez les enfants moins favorisés, bien que ces différences selon le mode de garde soient plus faibles que dans le domaine du langage. », notent les chercheurs. Il convient cependant selon eux de faire la distinction entre la motricité globale et la motricité fine. La première est associée à un bien-être physique, un comportement et des compétences socio-émotionnelles ultérieurs et la seconde à de meilleurs résultats ultérieurs en écriture, en lecture et en mathématiques.

Enfin, pour ce qui est du comportement (acceptation des soins, contestation des réprimandes et agressivité exprimées), les enfants accueillis en crèche présenteraient un peu plus d’effets négatifs par rapport aux enfants ayant d’autres modes de garde. Mais cet effet un peu négatif n’est pas retrouvé chez les enfants moins favorisés. L'Ined estime que le fait de faciliter l’accès accru à la crèche parmi les familles défavorisées peut avoir un potentiel de réduction des disparités socio-économiques précoces dans le développement. « Étant donné l’importance du développement cognitif, social et émotionnel dès le plus jeune âge quant aux résultats plus tardifs dans la vie, cela pourrait aussi avoir un impact sur les inégalités socioéconomiques à long terme. », conclut l'organisme.

*L'Institut national d'études démographiques

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