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Abandonnés dans une gare il y a 38 ans : l’incroyable quête de vérité de trois orphelins

Publié le par Guillaume Botton

Abandonnés en 1984 dans une gare alors qu’ils n’étaient que des enfants, trois frères et sœurs recherchent leurs parents depuis des années. Grâce aux progrès de la science, une première étape vers leur quête de vérité a été franchie récemment.

 

Presque 40 ans que le mystère dure. Nous sommes un soir de printemps 1984, le 22 avril précisément. Elvira, Ricard, et Ramon, âgés respectivement de 2, 4 et 6 ans, sont déposés à la « Estacion De Francia » (gare de France) de Barcelone en voiture, par un homme prénommé Denis. Selon Elvira, qui s’est longuement confiée à BFMTV, « L’homme les accompagne jusque dans la gare et leur demande d’attendre un peu ici car il va acheter des bonbons ». Seulement, Denis ne reviendra jamais…

Des enfants sans aucune identité

Le rapport de police de l’époque décrit alors les enfants comme « propres, correctement habillés, bien nourris et sans aucune marque de sévices ». Le rapport relève également que les enfants parlent français, ne connaissent pas leur nom de famille, ni les prénoms de leurs parents. Et malgré la diffusion de plusieurs avis de recherche, ils ne retrouveront jamais leur papa ni leur maman. La fratrie est alors placée dans une famille d’accueil aimante en Espagne, qui leur permet de grandir et de construire sereinement leur vie.

En 2020, l’enquête débute

Ce n’est qu’en 2020 que l’une des sœurs, en l’occurrence Elvira, se met en quête de vérité. La petite orpheline est désormais maman, et de son propre aveu, la maternité lui a servi de déclic. « C’était durant le confinement en 2020, raconte-t-elle à BFM. Je commençais à me poser des questions : comment était mon enfance ? Qu’a fait ma mère avec moi lorsque je suis née ? Est-ce qu’elle m’avait donné le sein ? Est-ce qu’elle m’a nourrie comme ceci ou comme cela ? Lorsqu’on a un bébé, c’est le genre de questions que l’on se pose ».

« Ils nous ont dit que nos parents nous ont toujours aimés »

Grâce aux progrès de la science, la jeune maman a alors l’idée de lancer une recherche généalogique, via des tests ADN. Petit miracle, elle retrouve ainsi des « cousins éloignés », et en mai 2021, elle rencontre « une tante, des oncles et tout un tas de cousins » du côté maternel, et des tantes et des cousines « du côté paternel ». Les informations pleuvent : ses parents s’appelaient Rosario Cuetos Cruz (née à Madrid en 1949) et Ramon Martos Sanchez (né en 1949 à Séville). Ils « sont partis en France, c'est là qu'ils nous ont eus », confie-t-elle. « Ils nous ont dit que nos parents nous ont toujours aimés, que nous vivions avec eux et que nous voyagions beaucoup, relate Elvira. Nous avons découvert qu'ils s’étaient enfuis à Paris, que nous avions voyagé en Belgique, en Suisse et dans différents endroits en France ».

« Nous pensons en effet que notre père s’adonnait à des activités illégales »

Seulement, une question reste toujours en suspens : de quoi vivaient leurs parents ? Parce qu’ils voyageaient sans cesse et qu’ils avaient une vie de famille décousue, l’hypothèse d’une profession pas très légale voit le jour. « Nous pensons en effet que notre père s’adonnait à des activités illégales, qu’il versait dans la délinquance, révèle Elvira.  La famille nous a dit que nos parents n'étaient pas des personnes avec des métiers stables (...) Nous n'en sommes pas sûrs, mais par exemple, ils n’avaient pas de numéro de Sécurité sociale. Après, c’étaient des personnes qui avaient de l’argent, on se déplaçait en voiture de luxe, on avait des vêtements de luxe. Et lorsqu’on a rencontré nos familles, ils nous ont montré des photos qui correspondaient aux souvenirs de mon frère. »

Si une forme d’incertitude plane toujours, Elvira et ses frères ont pu tout de même avoir de nombreuses réponses à leurs interrogations. Elvira a notamment récupéré son acte de naissance et sait, désormais, qu’elle est née à l’hôpital Bichat à Paris, le 29 décembre 1981.