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Doliprane pédiatrique : une pétition qui ne tient pas la route

Publié le par Hélène Bour

Une pétition a pris de l’ampleur sur le net à propos des potentiels effets néfastes du Doliprane pédiatrique, qui contiendrait un colorant cancérigène. On fait le point sur ses inexactitudes.

En à peine trois semaines, plus de 107 000 personnes ont signé une pétition sur le site change.org, pour demander à Sanofi le retrait des médicaments du marché contenant des additifs cancérigènes. En ligne de mire, le Doliprane pédiatrique en sirop, un médicament à base de paracétamol, parfum fraise. Celui-ci contient en effet un colorant alimentaire, l’azorubine (ou carmoisine, E122), cancérigène si l’on en croit la pétition.

Une mauvaise interprétation de la classification

L’auteure de la pétition, une mère de famille nommée Natalie B., y soutient que le E122 est « présumé cancérigène » car il est classé en catégorie 3 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). En vérité, l’appartenance de cette substance au groupe 3 signifie qu’elle est « inclassable quant à sa cancérogénicité pour l’homme ». Autrement dit, les études sont encore insuffisantes pour affirmer si ce composé est cancérigène ou non. Si l’on peut donc bien avancer le principe de précaution vis-à-vis de l’azorubine, il n’est pas certain pour autant que cet additif soit réellement cancérigène.

La pétition stipule en outre que ce composé est actuellement interdit aux Etats-Unis. Là encore, il s’agit d’une fausse information puisqu’il n’y est en fait pas autorisé. Il n’a donc jamais été retiré du marché étant donné qu’il n’y a jamais été introduit. Selon la Food and Drug Administration des Etats-Unis, cet additif n’a pas été autorisé parce qu’« aucune partie prenante n'a voulu réaliser les études nécessaires pour établir la sécurité de ce colorant ».

Quid du risque d’hyperactivité avancé par la pétition ?

Pour ce qui est du risque d’hyperactivité chez l’enfant lié au Doliprane pédiatrique et avancé par cette pétition, les choses sont plus nuancées. Une étude britannique parue dans la revue The Lancet en 2007 a bien montré une hausse de l’hyperactivité chez les enfants qui consommaient des colorants artificiels. Mais l’azorubine n’était pas le seul colorant mis en cause, il s’agissait d’une combinaison de plusieurs additifs. Selon les laboratoires Sanofi, qui ont publié un communiqué à l’attention des parents inquiets, ce lien n’est pas scientifiquement avéré pour l’azorubine. De plus, Sanofi assure suivre « quotidiennement le signalement des effets indésirables de l’ensemble des médicaments qu’il commercialise et les communique aux autorités de santé selon la réglementation en vigueur », comme l’exige « son obligation de pharmacovigilance ». En revanche, comme il est annoté sur la notice, le Doliprane pédiatrique « peut provoquer des réactions allergiques ».

Et pour ceux qui souhaiteraient tout de même éloigner leurs enfants de ce colorant par précaution, sachez que s’il est présent à très faible dose dans le Doliprane, il est également utilisé dans l’industrie alimentaire, pour colorer sirops, glaces ou encore confiseries…

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