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Une maman explique sa décision de donner la mort à son fils de 3 ans en état végétatif

Publié le par Mathilde Saez

Anne Ratier a écrit un livre pour raconter son histoire, celle d'une mère qui a fait le choix de donner la mort à son enfant âgé de 3 ans.

Elle le sait, elle pourrait aller en prison pour ce qu'elle a fait. Certains seront choqués par sa décision. Mais Anne Ratier assume tout. Elle en a même fait un livre, J'ai offert la mort à mon fils (éditions City) ; un témoignage bouleversant dont elle a parlé au micro de RTL.

En 1984, Anne donne naissance à Frédéric, son premier enfant. Mais l'accouchement se passe mal, Anne est mal prise en charge. Elle comprendra plus tard que son fils est mort-né, mais que les médecins l'ont ranimé, "de force". Les séquelles sont terribles, mais ça, les jeunes parents ne le comprendront que plus tard.

Quand leur bébé a 20 mois, on leur annonce que Frédéric sera toujours "un légume", et qu'à l'âge de 3 ans, il devra être pris en charge par un établissement spécialisé. "Notre monde s’écroule quand le couperet tombe, on se pose beaucoup de questions. C’était très difficile de me dire que, dans quelque temps, je vais le laisser à des étrangers. Comment continuer à vivre en sachant que mon enfant est quelque part dans un centre, que je ne sais pas si on le maltraite ? C’est carrément l’abandonner. Ça, je ne pouvais pas le faire."

Anne est alors en proie à des dilemmes extrêmes. "On lutte entre ces deux pensées, qui sont : "Je ne me peux pas m’en séparer parce qu’il fait partie de moi" et, en même temps, "je ne peux pas le laisser continuer comme ça, car il va souffrir, il va être pris dans une coque qui va augmenter au fur et à mesure de sa croissance. Non, ça n’était pas possible parce qu’il n’avait même pas conscience de vivre."

Après le décès de son père, Anne commence un long cheminement intérieur, et le jour des 3 ans de Frédéric, elle décide de passer à l'acte. "Pour moi, c'est un geste d'amour, c'est arrêter les souffrances, ne pas avoir à l'abandonner". Elle donne des neuroleptiques à son fils, et le regarde s'en aller en le gardant et en le berçant dans ses bras.

"Je comprendrais que tout le monde trouve cela choquant, d’ailleurs, si on ne trouve pas ça choquant, ça n’est pas normal. J’ai lutté contre moi-même aussi pour en arriver là" : confie-t-elle bouleversée. Aujourd'hui, malgré les risques, Anne Ratier ressent le besoin de parler : "Il fallait que je parle pour tous ceux qui demandent l’euthanasie parce qu’ils sont dans des situations pas possibles, parce qu’ils souffrent trop, parce qu'ils veulent vivre dignement." Et de conclure : "Je m’excuse de heurter, mais je suis en accord avec mes pensées, mes actes, ma parole. C’est pour ça que je suis sereine. Ce que j’ai choisi, ça m’est propre. Maintenant, j’espère que ça va pouvoir aider aussi d’autres personnes".

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