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Polémique sur l’huile de palme : pourquoi les laits infantiles en contiennent-ils ?

Publié le par Hélène Bour

Suite à la diffusion de propos de la Secrétaire d’Etat à l’Ecologie récemment nommée, Emmanuelle Wargon, une polémique est née quant à la présence d’huile de palme dans les laits infantiles Le point.

C’est une nouvelle qui va sans doute choquer ceux qui ne se sont jamais penchés avec attention sur la composition des laits infantiles. Ceux-ci contiennent de l’acide palmitique, un acide gras dérivé de l’huile de palme, celle-là même qui est considérée comme dangereuse pour la santé et pour la planète, du fait de la déforestation qu’elle requiert pour être produite en quantité.

Tout juste nommée au Secrétariat d’Etat à l’Ecologie, Emmanuelle Wargon a vu resurgir des propos qu’elle avait tenus en juillet alors qu’elle était directrice des affaires publiques du groupe Danone. “L'huile de palme, on en a besoin pour les laits infantiles, c'est l'un des produits essentiels pour les laits infantiles”, lançait-elle alors. L’intéressée s’est défendue ce vendredi 19 octobre en indiquant que l’extrait vidéo était sorti de son contexte, et qu’elle avait bien affirmé que l’huile de palme pose un problème majeur de déforestation. Trop tard, la polémique est née.

L’acide palmitique est naturellement présent dans le lait maternel

Les laits infantiles sont conçus pour être au plus proche de la composition du lait maternel, et ainsi répondre au mieux aux besoins d’un nourrisson. Or, si étrange que cela puisse paraître, il s’avère que le lait maternel contient entre 20 et 25% d’acide palmitique. Celui-ci est cependant plus digeste que celui que l’on trouve dans les biscuits et autres plats préparés de nos supermarchés.

Loin d’être nocif à la santé des nouveau-nés, l’ajout d’acide palmitique issu de l’huile de palme dans les laits infantiles serait “particulièrement utile et nécessaire”, affirme Patrick Tounian, chef de service de nutrition pédiatrique à l'hôpital Trousseau, à Paris, auprès de nos confrères du Parisien.

Même son de cloche du côté du nutritionniste Anthony Berthou, interrogé par le HuffPost, qui rappelle qu’“un bébé a besoin de beaucoup de graisses, pour la constitution de ses neurones comme du tissu cellulaire.

Ainsi, si chez certains enfants et adultes, l’huile de palme et ses acides gras saturés peuvent augmenter le risque de mauvais cholestérol et d’obésité, il n’en serait pas de même pour le nourrisson, notamment parce que l’acide palmitique n’est pas associé aux mêmes sucres dans les laits infantiles que dans les gâteaux, biscuits, etc.

Un produit peu onéreux, mais néfaste pour l’environnement

Le profil de cette huile est intéressant, elle est très stable, pas chère, facile à travailler, donc elle plaît beaucoup aux industriels”, admet Anthony Berthou. “Une alternative pour remplacer l’huile de palme serait de maintenir les graisses du lait de vache, qu’il faudra quand même enrichir avec des huiles végétales pour amener certaines graisses qui ne sont pas contenues dans le lait de vache et dont le nourrisson a besoin. Mais il s’avère qu’il y a très peu d’industriels qui laissent les graisses du lait de vache pour fabriquer les laits infantiles. Ils retirent cette graisse pour la vendre sous forme de crème et de beurre, et à la place, ils mettent des huiles végétales, dont l’huile de palme, qui n’est pas la seule huile utilisée”, a pour sa part détaillé Patrick Tounian.

Les deux experts interviewés admettent cependant que l’huile de palme, de par son mode de production et la déforestation qu’elle induit, est une menace majeure pour l’environnement, un problème qui ne se pose pas avec le lait maternel.

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