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Crèches : elles seront bientôt autorisées à embaucher du personnel non-qualifié

Publié le par Mathilde Saez

À partir du 31 août 2022, les établissements pourront désormais user d’une dérogation leur permettant de recruter des personnes non-diplômées ni expérimentées. Une mesure destinée à combler le manque de personnel… mais qui fait déjà grincer des dents.

Cela déjà été mis en place dans l'Education nationale, c'est au tour de la Petite enfance. Face à une pénurie de personnel, la solution proposée par le gouvernement est de recruter des employés non-qualifiés. Le 4 août dernier, un arrêté modifiant la réglementation du secteur de la petite enfance a ainsi été publié au Journal Officiel. Le texte donne désormais la possibilité aux crèches de pouvoir recruter des personnes non titulaires des qualifications requises jusqu’à maintenant.

"Travailler avec des enfants, ça s'apprend"

L’article 3 de l’arrêté précise que "des dérogations aux conditions de diplôme ou d’expérience fixées peuvent être accordées en faveur d’autres personnes, en considération de leur formation, leurs expériences professionnelles passées, notamment auprès d’enfants, leur motivation à participer au développement de l’enfant au sein d’une équipe de professionnels de la petite enfance et de leur capacité à s’adapter à un nouvel environnement professionnel". Une mesure qui est loin de faire l'unanimité. "Travailler avec des enfants, c’est une lourde responsabilité, ça s’apprend, s'agace Émilie Philippe, membre du collectif "Pas de bébé à la consigne" auprès de Ouest-France. On ne peut pas demander à une personne qui n’a aucune connaissance de la prise en charge des enfants de faire comme si. S’occuper d’un enfant, lui assurer un cadre de prévention et d’épanouissement, ou créer un lien de confiance avec la famille, ce sont des choses fondamentales à acquérir avant de se lancer".

Une formation prévue

Certes, ce nouveau plan de recrutement sera accompagné d'un dispositif de formation, lequel prévoit "un accompagnement individualisé durant au minimum les trente-cinq premières heures d’activité par un à deux membres de l’équipe présents au sein de l’établissement depuis au moins un an", précise l’alinéa 2 de l’article 3. Mais là encore, Émilie Philippe se montre sceptique : "En pratique, j’ai peur que ce parcours d’intégration ne soit pas formellement respecté car les établissements sont en sous-effectif et manquent de temps. Il y a un cap entre la mise en œuvre de ce dispositif et la réalité du terrain."

Pénurie de personnel qualifié

La pénurie de personnel touche en effet 48,6 % des crèches en France, selon une enquête de la Caisse nationale des allocations familiales publiée début juillet. Ce problème a refait surface de manière dramatique en juin dernier lorsqu'une fillette de 11 mois décédait après avoir ingéré un produit toxique dans une crèche du 3e arrondissement de Lyon. Produit qui lui aurait été administré volontairement par une employée de la crèche. Cette dernière était seule dans l'établissement à ce moment-là. Peu expérimentée, elle avait justement été récemment recrutée pour pallier un manque d'effectifs lié aux nombreux arrêts de travail du personnel qualifié...