Depuis déjà plusieurs semaines, unepénurie de lait infantile frappe les Etats-Unis. Une crise causée par plusieurs facteurs et qui a des conséquences graves pour les familles de nourrissons. Face aux manque de réponses politiques, les citoyens se mobilisent pour apporter leur aide, notamment en faisant des dons aux banques de lait maternel qui ont habituellement bien du mal à mobiliser. Ainsi, à Newton, dans le Massachussetts, alors que la Mothers' Milk Bank Northeast recevait d'ordinaire environ 30 à 50 appels par mois de personnes souhaitant faire un don de lait maternel, 35 appels de donateurs potentiels ont été reçus durant la seule journée de jeudi 12 mai.
« J'ai senti que je devais faire quelque chose »
« Il est intéressant de voir que les premières réponses que nous ayons reçues viennent de donneurs potentiels, remarque Deborah Youngblood, directrice exécutive de la banque, interrogée par l'agence de presse américaine Associated Press. Donc les gens ont répondu à la pénurie de lait infantile avec une sorte de réponse étonnante et compatissante du type : 'Comment puis-je faire partie de la solution ?'". Kayla Gillespie, 38 ans et mère de trois enfants, assure vouloir participer à cet élan de solidarité. « J'ai beaucoup de chance de pouvoir produire du lait, alors j'ai senti que je devais faire quelque chose. » Pour autant, les banques de lait maternel ne parviendront pas à couvrir les besoins actuels des familles américaines. Entre autres, les bébés ayant des besoins diététiques spéciaux ou médicalement fragiles ne pourront pas forcément en bénéficier.
Le manque de concurrence au cœur du problème
Cette pénurie met en relief différents dysfonctionnements de cette industrie aux Etats-Unis ; notamment le manque de concurrence sur le secteur. Seuls trois fabricants sont autorisés à se partager le marché du lait infantile. Ainsi, quand la marque Abbott rappelle ses produits pour des raisons de contamination, tout est déséquilibré. D'autant plus quand les deux autres concurrents en profitent pour augmenter leurs prix, mettant en sévère difficulté les familles les plus modestes. Quant à l'idée d'importer des laits maternisés européens, le système coince pour des raisons de normes, non pas sanitaires, mais d'étiquetage...
Pas de solution à très court terme
Fortement critiqué pour son inaction, voire son indifférence, le gouvernement Bidden a promis un début de solution pour dans "quelques semaines"... Des semaines bien longues quand on a un nourrisson à la maison. En attendant, les mères de famille sont fortement incitées à allaiter, mais encore faut-il qu'elles puissent se le permettre puisque, rappelons-le, les Etats-Unis est le seul pays "développé" à ne pas proposer de congé maternité rémunéré aux jeunes mères. Espérons que cette crise ait au moins le bénéfice de faire bouger les choses en faveur des jeunes parents et des enfants.