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Opération du frein de la langue du nourrisson : l’Académie de Médecine tire la sonnette d’alarme.

Publié le par Guillaume Botton

Face à « la progression spectaculaire » des opérations du frein de la langue des nourrissons en France, l’Académie de Médecine s’inquiète. Selon elle, cet acte chirurgical « agressif et potentiellement dangereux » doit rester « exceptionnel ».

Les chiffres donnent le vertige : + 450% sur 10 ans en Australie, + 400 % aux Etats-Unis en l’espace de 10 ans également. L’opération du frein de la langue des bébés, appelée frénotomie, est devenue, à travers la planète, un acte chirurgical quasi banal… qui ne devrait pourtant pas l’être. Si, sur notre territoire, aucun chiffre n’existe, l’Académie de Médecine, dans un communiqué, note « une augmentation spectaculaire en France et dans le monde ». Et a ainsi décidé d’alerter le monde médical et l’opinion publique sur cette pratique, en émettant « les plus grandes réserves quant à l’intérêt et l’innocuité de ce geste invasif à risque d’effets secondaires ».

Les réseaux sociaux, de très mauvais conseillers

Le frein de la langue est cette petite membrane située sous la langue et qui la relie au plancher de la bouche. Il peut parfois gêner le nourrisson lorsqu’il tète, et engendrer ainsi des douleurs chez la maman, dues à des lésions sur les mamelons. L’opération consiste à sectionner cette membrane au laser ou aux ciseaux. Or désormais, pour de nombreux parents, la frénotomie s’apparente à la solution miracle.

Dans son communiqué, l’Académie note ainsi « l’accroissement important sur tout le territoire de réseaux proposant, à des tarifs excessifs, de traiter les douleurs mamelonnaires et l’arrêt précoce de l’allaitement par la frénotomie (ou pire de la pratiquer à titre préventif) ».

Trois mois plus tôt déjà, 22 associations de Sociétés savantes de pédiatrie, telles que l’Association française de pédiatrie ambulatoire ou le Collège national des sages-femmes avaient également alerté l’opinion contre « le flux important d’informations circulant sur les réseaux sociaux ». Car c’est bien sûr Internet que cette pratique s’est démocratisée. Nombre de parents, mais aussi de cliniques privées, conseillent, sur les réseaux sociaux, de recourir à cet acte.

Un manque d’études pour un acte qui doit rester « exceptionnel »

Seulement, l’Académie de médecine souligne « le manque d’études scientifiques de qualité concernant cette pratique » et ajoute qu’«en l’absence de difficultés, la présence d’un frein de langue court et/ou épais n’est pas une indication chirurgicale ». Surtout, l’institution rappelle qu’il s’agit pour le nourrisson « d’un geste agressif et potentiellement dangereux ». En d’autres termes, l’institution scientifique assure que cet acte chirurgical doit rester « exceptionnel » et être seulement recommandé « uniquement après échec des mesures conservatrices non chirurgicales classiquement mises en place ».  

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