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Méningites à streptocoque B : pourquoi les nouveau-nés sont-ils plus à risque ?

Publié le par Alexandra Bresson

Le streptocoque du groupe B est la principale bactérie responsable d’infections néonatales graves chez les nourrissons, dont la méningite. Souvent mortelle, la maladie peut aussi entraîner de lourdes séquelles chez ceux qui survivent tandis que les adultes sont davantage épargnés. Pourquoi ? Des chercheurs ont fait une avancée majeure pour expliquer cette prédisposition chez le nouveau-né.

Le streptocoque du groupe B est une bactérie responsable de méningites (inflammation du système nerveux) et de septicémies (infection du sang) potentiellement mortelles chez le nouveau-né. Cette bactérie peut être transmise par la mère au moment de l’accouchement car présente dans le vagin de 15 à 30 % des femmes. Si la présence de ce micro-organisme est sans danger chez un adulte en bonne santé, il peut néanmoins devenir un pathogène mortel lorsqu’il infecte le nourrisson au moment de l’accouchement. Selon la Fondation pour la Recherche Médicale, ce type d'infection conduit au décès de l’enfant dans environ 10 % des cas et est à l'origine de séquelles neurologiques dans 10 à 30 % des cas.

Pour éviter l’infection du nouveau-né lors de la naissance, de nombreux pays développés dont la France ont mis en place un dépistage vaginal quelques semaines avant l’accouchement. Les femmes porteuses de streptocoques du groupe B reçoivent des antibiotiques au moment de l’accouchement. Cette stratégie a permis de réduire fortement l’incidence des infections à streptocoques du groupe B survenant durant la première semaine de vie mais n’a eu aucun effet sur celles survenant entre 1 semaine et 3 mois de vie. Par ailleurs, dans de nombreux pays, aucun dépistage prénatal n’est proposé, et de nombreux bébés décèdent après la naissance d’une méningite à streptocoque du groupe B.

La réponse se trouve dans la barrière hémato-encéphalique

Il s’agit donc d’un problème majeur de santé publique que l'Inserm* a souhaité mieux comprendre, notamment en ce qui concerne la prise en charge des mères et des enfants. Une équipe de chercheurs* apporte des éléments de réponse expliquant cette prédisposition du nouveau-né à faire des méningites à streptocoque du groupe B, alors que les enfants et adultes sont rarement concernés par ce type de méningite. Les résultats de leur étude viennent d'être publiés dans le Journal of Clinical Investigation. Dans de précédents travaux, les scientifiques avaient déjà montré qu’un variant de streptocoque du groupe B était responsable de plus de 80 % des cas de méningites chez le nouveau-né.

Ce variant exprime à sa surface des protéines spécifiques qui jouent un rôle essentiel dans le franchissement de la barrière hémato-encéphalique qui sépare le sang du cerveau, une barrière physiologique qui protège ce dernier des substances toxiques et des micro-organismes pathogènes. Les chercheurs ont cette fois démontré que « l'une des protéines exclusivement exprimées par ce variant reconnaissait de manière spécifique deux récepteurs présents dans les vaisseaux sanguins cérébraux qui constituent l’élément principal de la barrière hémato-encéphalique », expliquent-ils. Grâce à des prélèvements humains, ils ont constaté que ces récepteurs sont surexprimés chez les nouveau-nés.

« Un suivi personnalisé des nourrissons à risque »

Ces récepteurs cérébraux ne sont en revanche pas présents chez l’adulte. Ce qui, selon l'équipe scientifique, « explique que le streptocoque du groupe B n’est que très rarement responsable de méningites au-delà de la première année de vie, les bactéries ne pouvant atteindre le cerveau ». Grâce à des modèles animaux avec méningite à streptocoque B, les chercheurs ont pu confirmer leurs résultats, à savoir que l’expression de ces récepteurs durant la période postnatale contribuait à la susceptibilité du nouveau-né à la méningite due au variant de streptocoque du groupe B. Pour ces derniers, ces premiers résultats ont leur importance puisqu'ils ouvrent des pistes thérapeutiques intéressantes.

« L’idée serait de développer des traitements qui ciblent ces récepteurs au niveau de la barrière hémato-encéphalique », soulignent les chercheurs. À plus long terme, ils souhaiteraient étudier les facteurs de susceptibilité individuels conduisant au développement de ces infections. « Ceci permettrait de réaliser un suivi personnalisé des nourrissons à risque nés de mère colonisée par ce variant », concluent-ils. À noter qu'il n'existe actuellement aucun vaccin disponible contre les infections à streptocoques B. Chez le nouveau-né, le traitement repose sur l’administration par voie intraveineuse d’amoxicilline, éventuellement associée à un autre antibiotique pendant les 48 premières heures.

* Des chercheurs de l’Inserm, du Collège de France, du CNRS, de l’Institut Pasteur, de l’Université de Paris et de l’AP-HP. Le laboratoire Biologie moléculaire structurale et processus infectieux (CNRS/Institut Pasteur), le Centre interdisciplinaire de recherche en biologie (CNRS/Collège de France/Inserm), l’Institut pour l’avancée des biosciences (CNRS/Inserm/UGA), entre autres, ont également participé à ces travaux.

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