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Masques transparents en crèche : une pétition lancée, le gouvernement reste muet

Publié le par Hélène Bour

Le SNPPE, syndicat national des professionnels de la petite enfance, a récemment lancé une pétition en faveur du masque inclusif, transparent, en crèche et pour tous les professionnels du secteur. Il déplore l’absence de réponse du gouvernement.

C’est un peu la double, voire triple peine pour les couples devenus parents en 2020. D’abord des accouchements dans des conditions sanitaires particulières, parfois sans accompagnant et masquée, sans visites à la maternité, puis un long confinement empêchant de présenter le bébé aux proches et de se faire aider, et enfin, l'omniprésence de masques opaques dans l’univers des bébés.

Car depuis le 18 septembre, les personnels de crèches, garderies et maisons d’assistantes maternelles sont obligés de porter le masque en permanence. Or, si le gouvernement a annoncé que des masques transparents allaient être fournis à tous les enseignants d’école maternelle (lesquels se font attendre d’ailleurs), il n’a rien dit à ce propos pour les structures et personnels du secteur de la petite enfance, de 0 à 3 ans. Ainsi, pédiatres, auxiliaires de puériculture, infirmiers, éducateurs de jeunes enfants et assistantes maternelles communiquent avec les enfants tout en étant masqué, le plus souvent avec un masque chirurgical opaque.

Port du masque en crèche : des inquiétudes réelles et fondées

Une situation que déplore le Syndicat national des professionnels de la petite enfance (SNPPE), syndicat tout jeune, qui vient de lancer une pétition pour exiger le port du masque inclusif pour tous les professionnels du secteur. “Des fonds doivent être de toute urgence levés afin d’équiper les professionnel.le.s en masques transparents. Les enfants de moins de - 3 ans, en pleine acquisition du langage, ont le droit d'avoir accès aux expressions des professionnel.le.s !!!”, martèle le syndicat sur le site change.org.

Lors d’un entretien téléphonique, Lucie Robert co-secrétaire générale du SNPPE et auxiliaire de puériculture, nous a fait par des inquiétudes des professionnels du secteur, tous convaincus que “l’effet miroir est très important dans l’apprentissage du langage”, puisque l’enfant apprend beaucoup par observation et mimétisme. Or, lors de ses interactions avec un adulte masqué, un nourrisson ne voit pas sa bouche, ce qui risque d’avoir des retentissements sur l’apprentissage des sons et la compréhension des émotions.

En mai dernier déjà, dans une tribune publiée dans “Libération”, Célia du Peuty et Anna Cognet, deux psychologues cliniciennes, demandaient déjà le port de masques transparents dans les crèches. “Privé du bas du visage de l’autre, une bonne partie [des] informations infraverbales sont perdues, et l’enfant peut se sentir davantage confus dans ses interprétations”, écrivaient-elles, évoquant “un risque d’altération de l’identification des émotions”, “un sentiment d’insécurité”, “une entrave dans le développement de la communication orale, voire, par mimétisme ou par manque de stimulation, une tendance à l’immobilité du visage”.

Un manque de moyens et de considérations pour la petite enfance

Tout comme ces psychologues, Lucie Robert, co-secrétaire générale du SNPPE, craint que les lieux d’accueil du jeune enfant ne redeviennent des lieux de garde des enfants, où l’on ne prendrait en charge que les besoins primaires des tout-petits (change, alimentation, siestes) pendant l’absence des parents. “On a un sentiment de manque de considération du secteur de la petite enfance, de la tranche d’âge 0-3 ans, un sentiment de retour en arrière en termes de considération et de moyens…”, déplore Lucie Robert.

Reçu le 22 septembre dernier par des membres du Secrétariat d’Etat en charge de l'enfance et des familles, lié au Ministère des Solidarités et de la Santé, le SNPPE n’a pour l’heure pas eu de réponse au sujet des masques transparents dans les structures d’accueil du jeune enfant. Ni eu vent de quelconques mesures pour aider le secteur, alors même que le “Rapport des 1000 jours” commandé par le gouvernement était très encourageant en termes de contenus. “Un coup de pub ?”, s’interroge la syndicaliste ?

Un protocole sanitaire imposé sans réflexion en amont

Dans leur tribune, les deux psychologues cliniciennes listaient plusieurs propositions pour limiter les méfaits du port du masque sur les enfants, comme le fait pour le personnel de ne le porter que lorsque la distanciation physique n’est pas possible, ce qui était le cas dans la plupart des crèches avant l’arrêté du 18 septembre. Elles indiquaient déjà qu’il serait bon d'envisager “le port de masques transparents, utilisés par les orthophonistes entre autres, et qui permettent au sourire de rester visible”. Seulement voilà, urgence sanitaire oblige, le port du masque en crèche et au sein des maisons d’assistantes maternelles a été imposé pour limiter les risques de contamination entre adultes et d’adultes à enfants, sans qu’une réflexion n’ait été menée sur les éventuelles conséquences au long terme pour les tout-petits, notamment pour l’apprentissage du langage.

A l’heure où nous écrivons ces lignes, la pétition du SNPPE en faveur de masques inclusifs transparents pour les professionnels de la petite enfance compte près de 4 000 signatures.

Sources : communiqué ; change.org ; interview

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