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Les premiers souvenirs peuvent commencer dès l'âge de deux ans et demi

Publié le par Alexandra Bresson

Que se passe-t-il dans la mémoire d'un enfant entre 0 et 3 ans ? Est-il capable de se forger des souvenirs qu'il pourra se remémorer plus tard ? Le sujet intéresse de nombreux scientifiques, et une dernière étude en date affirme que les premiers souvenirs dont les gens se souviennent peuvent remonter à l'âge de deux ans et demi en moyenne. Un âge qui peut paraître avancé, mais ce n'est pourtant pas le cas, voici pourquoi.

L'âge des premiers souvenirs d'enfance est difficile à déterminer, car le processus de consolidation n'apparaît pas dès la naissance. En effet, la capacité d'un jeune enfant à stocker et maintenir en mémoire sur le long terme des souvenirs d’événements vécus n'est pas immédiate, et certains scientifiques parlent même « d'amnésie infantile », soit l'absence totale de souvenirs avant l’âge de 2 ans et leur rareté jusqu’à l’âge de 6 ans. Des chercheurs de l’université canadienne Memorial de Terre-Neuve se sont penchés sur le sujet et leur étude publiée dans la revue “Memory” repousse les conclusions précédentes sur l'âge moyen d'apparition des premiers souvenirs : à 2 ans et demi en moyenne.

« Lorsque le premier souvenir survient, il s'agit d'une cible mouvante plutôt que d'un simple souvenir statique. », explique le Pr Carole Peterson, auteur principal de l'étude. Les chercheurs expliquent qu'il n'existe pas, selon eux, de limite exacte avant laquelle il n'y a pas de souvenirs : ces derniers sont simplement mal datés. « Il semble y avoir un pool de souvenirs potentiels que les adultes et les enfants échantillonnent. Et nous pensons que les gens se souviennent beaucoup dès l'âge de deux ans et qu'ils ne s'en rendent pas compte. Nous constatons que les gens pensent qu'ils étaient plus âgés qu'ils ne l'étaient en réalité dans leurs premiers souvenirs.», ajoute la chercheuse.

« Les chercheurs expliquent qu'il n'existe pas, selon eux, de limite exacte avant laquelle il n'y a pas de souvenirs : ces derniers sont simplement mal datés. »

Les souvenirs sont “déplacés” dans le temps

L'étude a consisté à passer en revue dix articles de recherche sur l'amnésie infantile, suivis d'analyses de données publiées et non publiées recueillies dans le laboratoire de l'équipe scientifique depuis 1999. Celles-ci portaient sur un total de 992 participants, et les souvenirs de 697 participants ont ensuite été comparés aux mêmes souvenirs chez leurs parents. Les résultats ont révélé que les premiers souvenirs des enfants sont antérieurs au moment où ils pensent que cela s'est produit, comme l'ont confirmé leurs parents. Par exemple, une étude a interrogé des enfants après que deux et huit ans se soient écoulés depuis leur premier souvenir : ils ont pu se le remémorer, mais dans les entretiens suivants, ils ont donné un âge plus avancé quant au moment où il s'est produit.

« Les résultats ont révélé que les premiers souvenirs des enfants sont antérieurs au moment où ils pensent que cela s'est produit, comme l'ont confirmé leurs parents. »

« Huit ans plus tard, beaucoup pensaient qu'ils avaient une année entière de plus. Ainsi, les enfants, en vieillissant, continuent de se déplacer jusqu'à l'âge qu'ils pensaient avoir au moment de ces premiers souvenirs. », note le Pr Carole Peterson. Ce phénomène pourrait s'expliquer par un bug dans la datation en mémoire surnommée “télescopage” par ces scientifiques. « Quand vous regardez des choses qui se sont passées il y a longtemps, c'est comme regarder à travers une lentille. Plus un souvenir est éloigné, plus l'effet de télescopage vous le fait voir de plus près. Il s'avère que les personnes avancent leur premier souvenir survenu quand ils ont entre un an et environ trois ans et demi. »

Mais les chercheurs ont constaté que lorsque l'enfant ou l'adulte se souvient d’événements à partir de l'âge de quatre ans, ce phénomène ne se produit pas. Ils estiment que leur découverte démontre clairement que les gens se souviennent beaucoup plus de leur petite enfance, et beaucoup plus loin qu'ils ne le pensent, et qu'il est relativement facile de les aider à accéder à ces souvenirs. Pour se pencher plus en détail sur ce concept “d'amnésie infantile”, ces derniers souhaitent avoir accès à des dates documentées de manière indépendante, qui seront comparées aux dates de souvenirs personnels. « Cela empêcherait les erreurs de télescopage et les erreurs de datation par les parents. », concluent-ils.

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