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Les bébés sont plus “sociables” lorsqu’ils sentent l’odeur de leur mère

Publié par Alexandra Bresson  |  Mis à jour le

Une équipe de chercheurs montre à quel point les odeurs corporelles maternelles sont des signaux importants pour son développement, y compris d'un point de vue social.

Et si une partie du lien si fort entre les mères et leurs bébés pouvait s'expliquer par l'odeur maternelle ? Pour tester cette hypothèse, des chercheurs décrivent dans la revue « Science Advances » une étude menée avec des mamans volontaires, leurs bébés et des femmes inconnues. L'équipe scientifique a fait appel à 62 mères et à leurs bébés, âgés en moyenne de sept mois, et d'un groupe de femmes avec à peu près le même âge. Il a été demandé aux mères de dormir dans un t-shirt pendant deux nuits consécutives avant l'étude et de l'apporter avec elles le jour du test. En laboratoire, les mères et les bébés ont été équipés de capuchons d'électrodes pour étudier leurs ondes cérébrales.

Les bébés sont plus susceptibles d'accepter les femmes inconnues lorsque l'odeur de leur mère est présente.

L'expérience a consisté dans un premier temps à positionner la mère et le bébé assis dos à dos, puis face-à-face. Les bébés ont ensuite reçu un T-shirt à tenir face à une femme qui portait aussi un capuchon d'électrode, mais qu'ils n'avaient jamais vue auparavant. Certains des T-shirts étaient neufs, tandis que d'autres étaient ceux portés par leurs mères. En examinant le premier scénario, ils ont trouvé plus de synchronisation dans les ondes cérébrales entre la mère et le bébé lorsqu'ils étaient assis face à face que dos-à-dos. « C'est cohérent avec la littérature existante indiquant que les moments d'interaction mère-enfant ont des effets durables sur le développement du cerveau. », notent les chercheurs.

Grâce à l’odeur de leur mère, les bébés voient des visages partout

Ils ont également découvert que les bébés ayant reçu les t-shirts de leur mère avaient une synchronisation cérébrale similaire avec la femme inconnue comme ils l'avaient eue lorsqu'ils étaient assis à face à leur mère. Il s'avère par ailleurs que les bébés qui tenaient le t-shirt de leur mère étaient plus susceptibles de sourire et de regarder la femme inconnue. « Notre découverte indique que l'odeur corporelle de la mère est une source de lien, qui peut être utilisée avec des étrangers. », concluent les chercheurs, dont la même équipe a découvert dans une autre étude publiée il y a quelques mois que l'odeur des nouveau-nés bloquait l'agressivité chez les hommes, mais stimulait celle des femmes.

A noter que ce n'est pas la première fois qu'une équipe scientifique démontre que dès les premiers mois de vie, le nourrisson répond préférentiellement aux odeurs humaines, notamment maternelles, qui guident son comportement social. En mai dernier, des chercheurs du CNRS ont montré que l’odeur de la mère peut même initier l’illusion d’un visage dans un objet qui, sans odeur, n’est pas perçu comme un visage. Des nourrissons de 4 mois ont été alternativement exposés à deux t-shirts, avec ou sans l’odeur de leur mère, tandis que leur activité cérébrale était enregistrée. Sur l’écran devant eux, des photographies d'objets variés se succédaient rapidement, certaines évoquant des visages.

Dès les premiers mois de vie, le nourrisson répond aux odeurs humaines, notamment maternelles, qui guident son comportement social.

Les chercheurs ont mesuré l’émergence d’une réponse cérébrale distincte entre objets « faciaux » et objets « non faciaux », et il s'avère que la majorité des bébés ne perçoit les visages illusoires qu’en présence de l’odeur maternelle. Plus qu’une simple assistance à la perception visuelle, l’odorat activerait donc des représentations cérébrales qui façonnent la manière dont le bébé interprète son environnement. « L'étude fournit la preuve que le système visuel immature du jeune enfant se nourrit d’informations sensorielles non visuelles comme les odeurs, pour faciliter la perception des visages. Elle illustre le rôle des interactions entre les sens pour interpréter l’environnement social. », avaient conclu les scientifiques.

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