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Les antibiotiques au début de la vie pourraient affecter le développement du cerveau

Publié le par Alexandra Bresson

Dans une récente étude scientifique, des chercheurs expliquent pourquoi il convient de ne pas donner d'antibiotiques trop tôt aux enfants. Ces derniers évoquent en effet un risque pour leur développement neurologique, via des effets sur leur microbiote intestinal.

La population pédiatrique, notamment les enfants les plus jeunes et même in utéro, sont particulièrement vulnérables aux effets indésirables à court et à long terme des médicaments en raison de leur immaturité. Des chercheurs de l’Université Rutgers (New Jersey) se sont intéressés aux effets d'une famille de médicaments bien connue, les antibiotiques, sur le développement neurologique après une exposition en début de vie. Leurs résultats publiés dans la revue scientifique « iScience » indiquent que l'exposition aux antibiotiques après la naissance pourrait altérer le développement du cerveau dans des zones cérébrales responsables des fonctions cognitives et émotionnelles.

L'étude suggère plus précisément que la pénicilline et ses médicaments apparentés (ampicilline et amoxicilline), soit les antibiotiques les plus largement utilisés chez les enfants dans le monde, peuvent modifier le microbiote intestinal, ainsi que l’expression des gènes dans le cortex frontal et l'amygdale, deux zones clés du cerveau responsables du développement de la mémoire ainsi que des réponses de peur et de stress. « Nos travaux antérieurs avaient montré que l'exposition de jeunes animaux aux antibiotiques modifie leur métabolisme et leur immunité. Un troisième développement important au début de la vie concerne le cerveau. », souligne l'auteur principal de l'étude, le Pr Martin Blaser.

L'effet néfaste d'une exposition précoce sur l'axe « intestin-cerveau »

Les chercheurs ont procédé en comparant le développement de souris exposées à de faibles doses de pénicilline in utero ou immédiatement après la naissance à celui de souris n'ayant pas été exposées. Leur découverte confirme ce que de plus en plus de travaux ont mis en avant : un lien entre le tractus intestinal et la signalisation au cerveau, le fameux « axe intestin-cerveau. » Si cette voie est perturbée, elle peut entraîner une altération permanente de la structure et de la fonction du cerveau et même conduire éventuellement à des troubles neuropsychiatriques ou neurodégénératifs plus tard dans l'enfance ou à l'âge adulte. Or, la petite enfance est une période critique pour le développement neurologique.

Comme le souligne l'équipe scientifique, « au cours des dernières décennies, il y a eu une augmentation de l’incidence des troubles neuro-développementaux chez l’enfant, y compris des troubles du spectre autistique, des troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité et des troubles de l'apprentissage. Bien qu'une sensibilisation et qu'un diagnostic accru soient probablement des facteurs contributifs, une perturbation de l'expression des gènes cérébraux au début du développement pourrait aussi être responsable. » En guise de conclusion, celle-ci recommande de réduire l’utilisation généralisée d’antibiotiques ou d’utiliser des alternatives lorsque cela est possible.

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