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Le système immunitaire des prématurés peut « se rattraper » selon une récente étude

Publié le par Alexandra Bresson

En analysant de près le système immunitaire de bébés nés prématurément, des chercheurs ont constaté qu'il peut se mettre à niveau de celui des bébés nés à terme. Cette « récupération » serait même très rapide au point que les fonctions immunitaires acquises soient équivalentes à celles obtenues par les nourrissons nés à terme.

On considère comme prématuré un bébé né vivant avant 37 semaines d'aménorrhée. Cette notion recouvre trois sous-catégories : la prématurité extrême (moins de 28 semaines), la grande prématurité (entre la 28e et la 32e semaine) et la prématurité moyenne, voire tardive (entre la 32e et la 37e semaine). Selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 15 millions d’enfants naissent avant terme chaque année, soit plus de 1 sur 10 à l’échelle mondiale. Étant donné que la naissance prématurée d’un enfant interrompt son développement in utero, ses organes comme le cerveau, les poumons, le tube digestif et le canal artériel sont présents mais ils sont immatures.

Comme l'explique l'Inserm, il existe enfin une immaturité du système immunitaire qui peut entraîner des infections graves. Or, le manque d’anticorps et d’immunité du système immunitaire d’un bébé prématuré signifie qu’il ne peut pas combattre les bactéries, les virus ou les champignons, de la même façon que les bébés nés à terme. Dans une recherche publiée dans la revue « Nature Communications », des chercheurs du King’s College London et du Homerton University Hospital se veulent plutôt rassurants, après avoir découvert que les grands prématurés (nés avant 32 semaines de gestation) peuvent rapidement acquérir certaines fonctions immunitaires après leur naissance.

Le système immunitaire peut se construire très vite

Les chercheurs ont suivi des bébés nés avant 32 semaines de gestation, dans le but d'identifier différentes populations de cellules immunitaires, l'état de ces cellules et leur capacité à produire des globules blancs et des anticorps. Ils ont par ailleurs voulu savoir comment ces caractéristiques ont évolué pendant les jours qui suivent leur naissance, et ont également prélevé et analysé des échantillons de selles pour voir quelles bactéries étaient présentes. Ils ont constaté que tous les profils immunitaires des nourrissons progressaient dans la même bonne direction à mesure qu'ils grandissaient, et ce quel que soit le nombre de semaines de gestation au moment de leur naissance.

Surtout, les progrès les plus importants étaient réalisés par les systèmes immunitaires des bébés nés avant 28 semaines, sur une période de temps similaire à ceux nés des semaines plus tard. Ce qui suggère, estiment les chercheurs, que le système immunitaire des prématurés et celui des bébés nés à terme « convergent » dans un délai similaire, et que le développement de tous ses composants (les globules blancs ou lymphocytes, les anticorps...) suit un chemin défini après la naissance chez tous les bébés. D'autres études scientifiques avaient déjà permis de constater qu'après la sortie de l’hôpital, la croissance pondérale d'un prématuré est souvent plus rapide que celle d'un enfant né à terme.

« Même les prématurés ont la capacité de développer un système immunitaire normal »

« Ces données soulignent que la majorité du développement immunitaire a lieu après la naissance et, en tant que tel, même les bébés nés très prématurément ont la capacité de développer un système immunitaire normal. », explique le Dr Deena Gibbons, qui a mené l'étude. Cette découverte a son importance puisque l'infection et ses complications représentent des causes importantes de décès après un accouchement prématuré. Les chercheurs notent par ailleurs qu'il existe une compréhension limitée du développement du système immunitaire chez les bébés nés prématurément et de la façon dont ce développement peut être influencé par l'environnement après la naissance.

Ces derniers ont également constaté que certains prématurés qui ont développé une infection présentaient une réduction d'un type de globules blancs, les lymphocytes T producteurs d'une protéine appelée CXCL8. Si cette tendance se confirme avec d'autres études, il serait possible d'identifier les bébés à risque d'infection au cours des premiers mois de leur vie, juste après la naissance. « Nous continuerons d'étudier ces cellules T et la manière dont elles sont activées pour aider à combattre les infections. Nous voulons aussi examiner de plus près d'autres fonctions immunitaires qui changent pendant l'infection pour améliorer les résultats pour ce groupe vulnérable. », conclut la chercheuse.

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