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Accusée d’avoir maltraité un bébé, la nounou a finalement été relaxée

Publié le par Guillaume Botton

Bibi Joomun, une assistante maternelle accusée d’avoir secoué un bébé de 10 mois, vient d’être relaxée après plus de deux ans d’enquête. Explications

 

Une délivrance et un immense soulagement. Lorsque ce 12 juin, le tribunal correctionnel de Melun a livré son verdict, Bibi Joomun, assistante maternelle de 57 ans, était au bord des larmes. Après plus de deux ans et demi d’attente, elle a été relaxée après avoir été accusée d’avoir grièvement blessé un bébé de 10 mois et demi en le secouant, en février 2021.

« Je sens tout de suite que quelque chose ne va pas »

Pour Le Parisien, dans son édition du 26 juin, la nounou d’origine mauricienne se remémore cette journée du 2 février, qui marqua le début de son cauchemar. Bibi, comme depuis plusieurs semaines, a la charge de Mélissa (le prénom a été changé, ndlr), de sa sœur jumelle, ainsi que de deux autres enfants. « Leur maman était contente, se souvient-elle. Mélissa avait bien dormi, ce qui n’était jamais arrivé jusque-là. C’est une enfant née prématurée, qui a un retard de motricité, et qui mange peu ». Le déjeuner des jumelles englouti, Bibi va voir les deux autres enfants dont elle s’occupe. Mais quand elle revient auprès de Mélissa, elle la trouve « figée et molle ». Elle raconte précisément la scène au journaliste du Parisien : « Elle a les yeux ouverts, mais elle est absente. Je la tapote sur les fesses, elle revient à elle. Je sens tout de suite que quelque chose ne va pas ».

« C’est vraiment un choc »

La nounou suit alors le protocole et appelle la directrice de sa crèche. Mais 10 minutes plus tard, le bout de chou semble en meilleure forme. La responsable prévient tout de même le médecin de son établissement, qui estime que la situation ne nécessite pas l’intervention du Samu, mais qu’en revanche, Mélissa doit être présentée à un médecin dans l’après-midi. Le papa, de son côté, arrive à la crèche vers 13h40, direction l’hôpital Necker, à Paris. Seulement, à peine l’a-t-il dans les bras que sa fille se met à vomir en jet. Le Samu est alors immédiatement appelé. A l’hôpital, un scanner permet aux médecins de constater la présence d’un hématome sous-dural - un saignement entre le cerveau et le crâne. Comme il est de coutume dans ce genre de cas, un signalement est aussitôt effectué auprès du parquet, qui ouvre une enquête pour « violences aggravées ». Le lendemain, Bibi reçoit la visite de la directrice de l’établissement et son adjointe. Elle se souvient : « Elles m’annoncent que je ne peux plus travailler, à cause d’une suspicion de maltraitance. Melissa aurait été secouée. C’est vraiment un choc. Je ne comprends plus rien. Je n’ai jamais secoué cet enfant. J’ai été formée et sensibilisée à ce risque ».

Une personne « attentionnée, positive, toujours dans la bienveillance ».

Il est vrai qu’en 17 ans de métier, jamais Bibi n’a eu le moindre souci. Elle a gardé en tout plus de 100 enfants. Ses collègues la décrivent ainsi comme une personne « attentionnée, positive, toujours dans la bienveillance ».
Mais alors qu’a-t-il pu se passer ? Bibi doit son salut à son avocat, qui a produit une contre-expertise d’un professeur émérite, Guillaume Sébire, qui a déjà expertisé une cinquantaine de cas de suspicions de secouement de nourrisson. « Il conclut sans ambiguïté à une thrombose du sinus sagittal supérieur, et démonte, de fait, l’hypothèse du secouement. Ce diagnostic différentiel, qui avait pourtant été évoqué dans le scanner cérébral de Melissa, a été écarté bien trop vite par l’expertise judiciaire », dénonce l’avocat au Parisien. Cet épisode, Bibi le gardera en mémoire toute sa vie. Et risque d’en garder quelques séquelles : « Pendant 2 ans et demi, il n’y a pas un jour où je n’ai pas pleuré. Je n’avais plus faim. J’ai fini à 43 kg. Heureusement que j’avais ma famille et mes collègues pour me soutenir » conclut-elle. Quant à Mélissa, si son état de santé est toujours en cours d’évaluation selon Le Parisien, elle souffre de problèmes d’équilibre.