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Couches jetables : l'Anses veut restreindre l'utilisation de 200 substances chimiques controversées

Publié le par Alexandra Bresson

Afin de mieux protéger les bébés portant des couches à usage unique, l'Agence nationale de sécurité sanitaire a soumis une proposition de restriction de plusieurs substances dangereuses comme le formaldéhyde et les dioxines qui vise à interdire ou limiter leur présence. Sa mise en application permettra de protéger 90% des enfants de moins de 3 ans en Europe, soit 14,5 millions de bébés.

Dans son expertise de 2019, l'Anses pointait des risques pour la santé des bébés liés à la présence de substances chimiques préoccupantes dans les couches pour bébé. Un constat partagé par des associations comme l'UFC-Que Choisir et 60 millions de consommateurs dans leurs propres analyses récurrentes. L'agence évoquait le fait que plusieurs substances indésirables en contact avec les fesses des nourrissons dépassent les seuils sanitaires : dioxines, furanes, HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) et certains PCB (polychlorobiphényles). Dans ses conclusions, elle demandait notamment une réglementation plus stricte et un renforcement des contrôles des couches par les autorités.

Plus d'un an plus tard, voilà que l'Anses se saisit à nouveau du dossier et soumet une proposition de restriction auprès de l’Agence européenne des produits chimiques dans le cadre de la réglementation REACH*. Son but : protéger la santé de 90 % des enfants européens de zéro à 3 ans de l’exposition à des substances à risques pour leur santé. « Cette restriction permettrait de réglementer sur le marché européen la commercialisation des couches et de garantir le même niveau de sécurité sanitaire pour tous les produits.», note-t-elle. Cette proposition de restriction couvre plusieurs articles : couches classiques, couches culottes ou culottes d’apprentissage, couches de bain et couches culottes de nuit.

Des mesures pour écarter les risques sanitaires

A noter cependant que la restriction proposée ne couvre pas les substances parfumantes, car il s'agit de « substances ajoutées dans de rares couches pour bébé et ayant été supprimées volontairement par les industriels. » D’autres substances chimiques détectées ou quantifiées pour l’expertise de l’Anses de 2019 telles que les composés organiques volatils et pesticides ne sont pas non plus inclues car l'analyse n'avait pas montré de dépassement de seuil sanitaire. Autrement, l'Anses a fixé les concentrations à ne pas dépasser pour 200 substances en cause « à des seuils qui permettraient de réduire drastiquement leurs concentrations dans les couches jetables et d'écarter ainsi le risque pour la santé des bébés. »

En outre, l'Agence propose également une méthode d’analyse des couches pour rechercher ces substances. Dans son expertise de 2019, elle avait en effet développé une méthode qui permet de prendre en compte les conditions les plus réalistes d’exposition en fonction du comportement du bébé. Enfin, ses experts ont émis plusieurs hypothèses sur les sources de contamination des couches et ont proposé des pistes de mesures pour limiter ces contaminations, par exemple « en renforçant le contrôle des matières premières et des processus de fabrication. » Selon eux, « plusieurs solutions accessibles techniquement et économiquement existent pour réduire la présence des contaminants visés par la restriction. »

L'agence recommande en premier lieu de réaliser des tests supplémentaires pour « vérifier que les matières premières ne soient pas déjà contaminées avant la fabrication, contrôler la température lors du chauffage pour éviter l’apparition de HAP, contrôler les procédés de blanchiment et de retirer certains colorants. » S'il est encore trop tôt pour quantifier les impacts sanitaires attendus pour les bébés, celle-ci considère déjà que les bénéfices pour leur santé seront significatifs puisque les substances restreintes ont des profils de dangers sévères. Rappelons que selon ses estimations, le nombre total de couches jetables utilisées par un bébé avant l'âge de la propreté va de 3 800 à 4 800.

*règlement européen sur les produits chimiques REACH (Registration, Evaluation and Authorisation of Chemicals)

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