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Bébés : des chercheurs recommandent le lait de croissance pour prévenir la carence en fer

Publié le par Alexandra Bresson

Quel est l’apport réel des laits infantiles enrichis en fer dans la prévention de cette carence chez les tout-petits ?  Les chercheurs ont observé que leur consommation réduisait le risque et permettait d’atteindre les besoins nutritionnels quotidiens recommandés pour près de la moitié des enfants. Leur étude invite également à accorder une attention particulière aux familles défavorisées, dont les enfants sont les plus touchés par la carence en fer.

La carence en fer est considérée comme la carence en micronutriment la plus fréquente à travers le monde, et en particulier dans les pays industrialisés. Lorsqu’elle survient chez les nouveau-nés et les jeunes enfants, elle est fortement suspectée d’être associée à des effets neurocognitifs néfastes à court et long terme, comme une diminution des capacités d’apprentissage et de mémoire, ou une atteinte neurosensorielle visuelle ou auditive. Pour les nourrissons de plus de 1 an, les besoins nutritionnels moyens quotidiens en fer recommandés sont de 5 mg selon les recommandations données par l'European Food Safety Authority (EFSA, Autorité européenne de sécurité des aliments).

Lorsque le taux sanguin de ferritine (protéine fixant le fer, correspondant aux réserves en fer de l’organisme) est inférieur à 12 µg/L, un jeune enfant est considéré comme carencé. En France, la stratégie de prévention de la carence en fer repose en partie sur la recommandation de consommation de laits infantiles enrichis en fer, notamment le lait dit « de croissance » de 1 à 3 ans. Et ce au moment de l’arrêt de l’allaitement, afin de compléter les apports de l’alimentation qui sont rarement suffisants pour cette tranche d’âge. Des chercheurs de de l’Inserm, de l’AP-HP et d’Université de Paris* ont mené une étude afin d’examiner la pertinence de cette stratégie de prévention.

C'est confirmé : l'alimentation ne suffit pas

Cette étude publiée dans la revue « Clinical Nutrition » a consisté à comparer l’apport en fer de l’alimentation, avec et sans consommation de lait de croissance, et la survenue de carence. L'expérience a été menée auprès de 561 nourrissons âgés de 2 ans et ne présentant pas de pathologie affectant le métabolisme du fer et avec la contribution, entre 2016 et 2017, près de 120 cabinets pédiatriques répartis dans toute la France grâce aux réseaux Activ et Afpa. Pour chaque enfant, un questionnaire renseignant tous les aliments ingérés sur trois périodes de 24h non consécutives a été rempli par les parents, dans le but de permettre aux chercheurs de déterminer la quantité de fer ingérée au quotidien.

Les analyses ont montré que lorsque la consommation de lait de croissance (utilisé par 73 % de l’effectif) n’était pas prise en compte, les apports en fer issus de l’alimentation ne permettaient pas d’atteindre les besoins recommandés de 5 mg/jour pour 63 % des enfants, contre 18 % lorsqu’elle était prise en compte. « La consommation de lait de croissance a donc permis à 45 % des enfants d’atteindre les besoins nutritionnels recommandés en fer. », précisent les chercheurs. Dans un second temps, la concentration sanguine de ferritine a été mesurée à partir d’un prélèvement sanguin. Les résultats ont montré que chez les 561 enfants étudiés, 37 d'entre eux (7 %) présentaient une carence en fer.

« Une solution simple pour supplémenter en fer les jeunes enfants »

Par ailleurs, la concentration sanguine en ferritine était significativement plus élevée chez les enfants consommant du lait de croissance à 24 mois ou depuis l’âge de 10 mois. Et très inférieure chez ceux consommant du lait de vache à 24 mois ou ayant débuté leur consommation avant cet âge. La survenue de carence en fer était d’autant plus diminuée que la consommation de lait de croissance était prolongée et ce, même en faible quantité (à partir de 200 mL/jour). « Cela suggère que la consommation régulière de fer est un meilleur moyen de prévenir les carences en fer qu’une importante supplémentation sur une courte période. », précise le Pr Anne-Sylvia Sacri qui a coordonné l'étude.

Celle-ci ajoute: « ces résultats plaident en faveur des stratégies nationales de prévention de la carence en fer fondées sur la recommandation de consommation de lait infantile enrichi en fer après 12 mois. Ces laits apparaissent comme une solution simple pour supplémenter en fer les jeunes enfants, afin d’atteindre les besoins nutritionnels recommandés. » Les chercheurs ont également observé qu’une carence en fer était associée à des antécédents de prématurité, mais aussi plus fréquente dans les familles nombreuses et celles en situation sociale défavorisée. Les chercheurs concluent ainsi sur le fait qu'une « attention particulière doit être apportée à ces populations plus vulnérables. Elles doivent être ciblées plus spécifiquement par les politiques de prévention et de surveillance. »

*Au sein du Centre de recherche en épidémiologie et statistiques – Cress (Inserm/Université de Paris/Université Sorbonne Paris Nord/INRAE).

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